La mine de Kamoto dans la province du Katanga, où le groupe suisse Glencore a déclaré au premier semestre une production de 88.000 tonnes de cuivre et 11.700 tonnes de cobalt, est au cœur d’un différend avec les autorités fiscales, la puissante DGRAD (Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations) qui lui réclame 895 millions de dollars d’impayés de redevances
Si pour le moment la production n’est pas affectée par ce «dossier», selon l’agence Bloomberg, tout changement de donne pourrait creuser l’écart entre Glencore et le groupe chinois CMOC qui l’a supplanté en 2023 pour prendre le leadership mondial de cobalt.
A date, aucune déclaration officielle n’a encore été faite au sujet du litige, les détails relayés dans la presse internationale indiquent que les autorités congolaises ont pris des mesures pour obliger Glencore à payer les redevances. Ces mesures comprennent le gel des comptes bancaires et la fermeture temporaire d’un entrepôt de la filiale du groupe.
L’information intervient quelques semaines après la publication par Glencore de son rapport d’activité pour le premier semestre 2024. Il en ressort que l’opération de KCC (détenue à 75% par Glencore contre 25% pour Gécamines) reste la plus grande mine de cuivre et de cobalt du groupe en RDC. Dans le détail, sur les 100.600 tonnes de cuivre et 14,4 tonnes de cobalt produits par le groupe dans le pays durant la période, la contribution de KCC était de 88% pour le cuivre et 81% pour le cobalt.
Pour l’exercice 2024, le groupe suisse prévoit de produire entre 35 000 et 40 000 tonnes de cobalt (dans un contexte de baisse de prix, ses mines avaient livré 41 500 tonnes en 2023). Son rival chinois CMOC, qui a vu sa production de cobalt augmenter de 174 % en 2023 pour atteindre 55 526 tonnes, n’a pas prévu de baisse de sa production.
Par ailleurs, le litige entre Glencore et la RDC, s’il venait à être confirmé, raviverait les questions sur les profits tirés par le pays de l’exploitation de ses ressources minérales, stratégiques pour la transition énergétique.
Premier producteur mondial de cobalt et 2e producteur mondial de cuivre, la RDC a généré entre 2018 et 2022 une moyenne de 5,5 milliards de dollars de recettes à partir de son secteur minier, contre une moyenne de 4 milliards sur la période 2013-2017, selon le FMI. Selon Glencore, les paiements de taxes et de redevances de sa filiale (KCC) en RDC s’élevaient à 2,3 milliards de dollars, entre 2021 et 2023. La RDC est le premier producteur mondial de cobalt et le deuxième producteur mondial de cuivre, deux métaux cruciaux pour la transition énergétique.