Les énergies fossiles seraient passées de mode. Une hypothèse de plus en plus plausible, qui ne sera pas du goût des pays pétroliers qui vivaient sur une manne que l’on pensait éternelle. L’Afrique, notamment où les découvertes majeures se succèdent depuis trois décennies. Même le grand média américain en ligne, Bloomberg y va de sa conjecture. Un indicateur significatif d’une de ses enquêtes récentes a montré l’importance des crédits accordés aux projets verts comparés à ceux alloués au secteur du pétrole et du gaz.
Concrètement, au niveau mondial, ce ne sont pas moins de 203 milliards de dollars US de financements bancaires qui ont été consacrés durant les cinq premiers mois de l’année 2021 aux seules énergies renouvelables. Durant la même période les énergies fossiles – pétrole&gaz – n’ont recueilli que quelque 189 milliards de dollars US de crédit bancaire ou via des emprunts obligataires. Il est important d’ajouter que ces données sont les résultats recueillis auprès de quelque 140 institutions financières parmi les plus représentatives à travers le monde. A ce rythme, la barre des 500 milliards de dollars de financements bancaires pour les énergies vertes sera pulvérisée d’ici la fin de l’année.
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A cela s’ajouteront évidemment les financements en capital des promoteurs de projets dans l’éolien, l’hydraulique, le solaire ou la géothermie, qui sont les autres énergies renouvelables les plus utilisées. C’est dire qu’on devrait donc s’approcher des 1000 milliards de dollars d’investissements annuels que le cabinet Standard&Poor’s considère comme nécessaire pour changer de paradigme dans le bouquet énergétique mondial. A n’en pas douter, on s’achemine à un changement de paradigme qui est en bonne partie lié à l’élection de Joe Biden et au retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris sur le climat.
N’allez pas penser que c’est un mouvement duquel l’Afrique est exclue, loin s’en faut. Les énergies renouvelables pourraient emprunter le même chemin que le téléphone mobile dont on croyait l’Afrique à la marge. On s’est vite rendu compte que quelques unes des meilleures innovations comme la mobile money sont venues du continent. Ici aussi, beaucoup commencent à prendre la mesure de l’importance des énergies vertes, mais surtout cherchent à tirer parti du Fonds vert pour le climat mis en place par les Nations-unies.
La Banque ouest-africaine pour le développement (BOAD), la Nedbank ou encore Bank of Africa sont autant d’institutions qui ont compris les enjeux financiers de l’argent «vert». La BOAD a ainsi levé 750 millions d’euros au taux de 2,75% seulement, ce que peu d’emprunteurs d’Afrique subsaharienne ont réussi à faire auparavant, y compris via une dette souveraine. Aujourd’hui encore, l’Afrique n’attire que 1% des centaines de milliards de dollars dédiés aux fonds verts, mais ses financements verts ont progressé de 500% entre 2019 et 2020. Il faudra, néanmoins, qu’au niveau des institutions financières, des banques centrales, des gouvernements, mais également des entreprises, qu’une stratégie soit élaborée pour aller à la quête de ces fonds qui ne demandent qu’à être levés pour trois francs six sous.