En Côte d’Ivoire, l’échange de dette contre des programmes de développement (debt-for-development swap), récemment conclu avec le soutien de la Banque mondiale et d’autres partenaires, illustre une stratégie visant à transformer le poids de la dette en une opportunité de croissance durable. Une initiative novatrice en matière de gestion financière
Le principe de cet échange est simple, mais prometteur. Il s’agit de remplacer une partie de la dette du pays par des engagements d’investissements directs dans des secteurs clés. Ce mécanisme financier présente un double intérêt. D’une part, il allège le service de la dette publique, permettant une meilleure gestion budgétaire et d’autre part, il libère des ressources pour renforcer des projets de développement stratégiques pour les États, notamment dans l’éducation.
Avec l’appui de la Banque mondiale, ce ne sont pas moins de 400 millions d’euros qui seront prêtés à la Côte d’Ivoire par l’intermédiaire de la banque japonaise Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG). Dans ce cadre, la Côte d’Ivoire rachètera ses dettes à taux élevé en utilisant le prêt à taux réduit de MUFG, bénéficiant d’une échéance prolongée et d’un différé de remboursement. Cette opération permettra de libérer environ 330 millions d’euros sur cinq ans, avec une économie nette estimée à au moins 60 millions d’euros, ce qui constitue une première en Afrique.
Investir dans le capital humain
Les retombées seront destinées à renforcer les infrastructures éducatives ivoiriennes. Des écoles modernes, des centres de formation professionnelle et des programmes d’éducation numérique sont au cœur de ces initiatives. Un volet important vise ainsi à améliorer l’accès à une éducation de qualité dans les zones rurales, réduisant les inégalités régionales.
Parallèlement, les fonds libérés soutiendront des secteurs complémentaires, comme la santé et les infrastructures, qui renforcent le capital humain. L’accent sera mis sur la formation des enseignants, l’équipement des salles de classe et la création de plateformes d’apprentissage numérique, répondant aux besoins d’une population jeune et croissante.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire a multiplié les réformes pour dynamiser l’éducation, en témoigne le programme «École pour tous», qui a permis une augmentation significative du taux de scolarisation, en particulier chez les jeunes filles.
Du travail reste à faire certes, mais le budget alloué au secteur a augmenté de manière constante. Dans le seul cadre du programme jeunesse 2023-2025, qui doit toucher 1,5 million de jeunes, 1 118 milliards de F CFA sont consacrés au domaine de l’éducation. Par ailleurs, la gratuité de l’école a permis, en 2023, le passage de 72 à 91 % d’enfants scolarisés.
L’échange de dette contre des programmes de développement est donc une nouvelle pierre à l’édifice d’une stratégie globale visant à faire de l’éducation le levier principal du développement durable. En conjuguant ingénierie financière et volonté politique, la Côte d’Ivoire réaffirme son ambition de se positionner en figure de proue du développement sur le continent africain.