Face à l’ébullition en crescendo de la scène politique en Côte d’Ivoire, à plus d’une année de la Présidentielle et au moment où l’opposition multiplie ses actions pour souder ses rangs, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP, parti au pouvoir) ne cesse d’appeler à l’apaisement en réitérant sa détermination à garantir un scrutin libre et démocratique
Si l’opposition s’active et ses leaders multiplient, ces derniers jours, leurs sorties médiatiques afin de mobiliser un plus grand nombre d’électeurs pour cette échéance électorale, en réussissant le 10 août un Collectif composé d’une dizaine de partis, outre des organisations de la société civile, il n’en demeure pas moins que trois de ses leaders affrontent une situation délicate, à savoir : Laurent Gbagbo du Parti des Peuples Africains- Côte d’Ivoire (PPA-CI) qui bien qu’il a été acquitté par la CPI, n’est pas inscrit sur la liste électorale et ne peut de ce fait, ni élire, ni être élu.
Il en est de même pour Guillaume Soro, patron du mouvement politique Générations et Peuples Solidaires, qui demeure lui aussi inéligible, en raison de sa condamnation par la justice ivoirienne pour « atteinte à la sureté de l’Etat » pour des faits remontant à 2019, ou encore Blé Goudé, du COGEP (Congrès Panafricain pour la Justice et l’Egalité des Peuples), formation politique connue par ses positions radicales selon plusieurs observateurs, qui se trouve aussi dans la même situation d’inéligibilité, car condamné à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour son rôle pendant la sanglante crise post- électorale de 2010-2011.
Appel à la retenue
Toutefois, dans le sillage d’une course acharnée vers le pouvoir en Côte d’Ivoire, marquée par un vif débat politique et de sorties médiatiques de part et d’autre, le porte-parole du RHDP, Kobenan Kouassi Adjoumani a réagi, dimanche 25 août, aux déclarations du PPA-CI et de son leader, Laurent Gbagbo, en déclarant que « choisir la violence et le chao, c’est choisir le chemin du désespoir », appelant les acteurs politiques ivoiriens à la retenue et à la sagesse.
Dans ce sens, il a dénoncé les déclarations de Hubert Oulaye, un proche de Gbagbo qui avait affirmé qu’il n’y aura pas d’élections présidentielles en 2025, si Gbagbo, qui est toujours poursuivi par la justice ivoirienne dans l’affaire du «braquage de la (BCEAO)» n’est pas réinscrit sur la liste électorale.
Le porte- parole du parti au pouvoir a tenu à affirmer que la Présidentielle de 2025 se déroulera sans heurts et sans problèmes, en ajoutant que « la République saura faire face, sans faiblesse, le cas échéant, pour défendre la démocratie et l’Etat de droit », avant d’appeler à l’unité nationale, à la responsabilité et au rejet de la violence.
L’opposition en quête d’un meilleur repositionnement
« Le désordre n’aura pas droit au chapitre en 2025. Nous y veillerons », a-t-il rassuré, se disant confiant que le RHDP se prépare pour remporter les élections de 2025 au premier tour.
Et de rappeler que la Côte d’Ivoire, sous la direction du Président Alassane Ouattara, a réalisé des progrès significatifs notamment, en matière d’infrastructures et de développement économique qui « ne doivent pas être compromis par des ambitions politiques destructrices », insistant sur la nécessité que la démocratie et l’Etat de droit doivent prévaloir en toute circonstance.
L’opposition est toujours en quête d’un meilleur repositionnement sur l’échiquier politique ivoirien et une unification de sa voix, mais il se trouve que le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), la plus vieille formation politique du pays, actuellement dirigé par Tidjane Thiam, avait déjà indiqué en référence à la création du Collectif des parti de l’opposition, que pour le PDCI-RDA, bien que « les signataires partagent un engagement envers la démocratie, »ils ne sont pas tous d’accord sur les idéologies et les méthodes utilisées ».
C’est dire qu’en Côte d’Ivoire, il se trouve que le RHDP n’a pas encore dévoilé officiellement le nom de son candidat à la Présidentielle de 2025, bien que les partis de l’opposition continuent d’animer le débat politique et de susciter l’intérêt des observateurs et analystes politiques. Or, ce qui fait leur unanimité, à l’heure actuelle, c’est cet impératif de voir des réformes en profondeur engagées dans le processus électoral, marqué par la révision de la liste électorale annoncée par la Commission Electorale indépendante.
La CEI par le biais de son Président, Ibrahime Coulibaly- Kuibiert avait indiqué le 16 juillet dernier à Abidjan que « l’opération de révision de la liste électorale débute à partir du 30 septembre pour finir le 31 octobre 2024 », exhortant les Ivoiriens à s’inscrire massivement sur la liste électorale.
Un délai vivement contesté par l’opposition qui estime que « la révision de la liste électorale, telle qu’envisagée n’est ni objectivement, ni techniquement réalisable dans le délai projeté ».
Si l’opposition semble déterminée à s’impliquer dans les différentes étapes du processus électoral, en exigeant des réformes profondes et l’engagement par le gouvernement d’un véritable dialogue inclusif, impliquant toutes les composantes de la société ivoirienne, les ambitions politiques et électorales de chacun de ses leaders du moins les plus influents, risqueraient de mettre en péril sa force et sa cohésion et de faire surgir en son sein des divergences de taille.
Avec MAP