Comme cela était prévisible après l’échec de Nairobi pour faire passer le projet de loi de Finances, l’agence de notation financière Moody’s a dégradé, le 8 juillet dernier, la note de crédit du Kenya, la faisant passer de «B3» à «Caa1», une note indiquant un «risque de crédit très élevé.» Cette décision s’accompagne d’une perspective négative
Les analystes de Moody’s justifient cette dégradation par une capacité réduite du gouvernement kényan à mettre en œuvre une consolidation budgétaire basée sur les revenus. «La décision de ne pas augmenter les impôts prévus et de se concentrer sur des réductions de dépenses pour réduire le déficit budgétaire constitue un changement de politique majeur, impactant négativement les trajectoires fiscales et les besoins de financement du Kenya», souligne Moody’s.
La dette publique en trend haussier
Malgré les intentions du gouvernement d’introduire des mesures d’austérité sur les dépenses courantes et de développement, l’agence de notation estime que l’annulation du projet de loi ralentira le plan de réduction de la dette publique en raison de l’augmentation des paiements d’intérêt. Le ratio intérêts/revenus passera de 30 % en 2024 à 33 % en 2025, avant de s’améliorer avec la baisse des coûts d’emprunts nationaux, dans un contexte où la mobilisation des ressources intérieures semble être devenue un exercice économique et politique difficile.
Sous pression de la rue, le Président William Ruto a dû rejeter le projet de loi de finances 2024 après des contestations contre les mesures fiscales, notamment des nouvelles taxes sur les voitures, les transferts d’argent et le pain. Ce projet visait initialement à lever 346 milliards de shillings kényans (2,6 milliards de dollars US), soit 1,9 % du PIB. Face à la pression sociale, le gouvernement a décidé de réduire les dépenses de 177 milliards de shillings kényans (1,3 milliard de dollars) et d’augmenter les emprunts.
Pour l’exercice 2023-2024 clôturé le 30 juin dernier, le Kenya a mobilisé 2.407 milliards de shillings (18,70 milliards de dollars US) de recettes, selon les données de l’Autorité fiscale du Kenya. Bien que cette collecte représente une hausse de plus de 11 %, elle n’atteint que 95,5 % de l’objectif initial.
L’agence Moody’s maintient également une perspective négative pour le Kenya, affirmant que des déficits budgétaires plus importants augmenteront les besoins d’emprunt et les risques de liquidité. Selon les prévisions de l’agence, le déficit budgétaire du Kenya devrait atteindre 4,6 % du PIB pour l’exercice 2024 et se stabiliser à une moyenne de 4,4 % pour les exercices 2025 et 2026.