Les autorités de la Transition à Libreville veulent absolument éviter toute pression éventuelle qui pourrait venir du poids de la dette ou de difficultés à honorer certaines échéances auprès des créanciers. C’est dans ce sens qu’il faut inscrire l’initiative du gouvernement qui vient de racheter par anticipation 50% de son euro-obligation de 605 millions de dollars qui arrive à échéance en 2025
L’annonce a été faite lundi 28 octobre par le Président de la Transition en personne, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. «Je tiens à annoncer que l’Etat gabonais a lancé une offre publique de rachat de 50% de son eurobond, soit 192 milliards FCFA. Sans recourir à un nouvel emprunt, le Gabon a réalisé une opération inédite de remboursement anticipé de cette dette souscrite en 2015», a révélé le chef de l’Etat sans entrer dans les détails de l’opération, ni préciser les banques-conseil qui ont accompagné l’Etat gabonais.
Rassurer les investisseurs sur la solvabilité de l’Etat
En juin dernier, la banque d’affaires new yorkaise Jefferies International Limited indiquait dans un rapport consulté par Reuters, que le Gabon préparait un rachat anticipé de ses obligations via l’émission de nouvelles dettes locales et des financements externes. Dans la loi de finances 2024, le gouvernement avait initialement prévu de refinancer cet emprunt en émettant un nouvel eurobond, mais cette option avait été finalement abandonnée au vu des conditions financières mondiales défavorables.
Quoi qu’il en soit, la réussite de cette opération permet de rassurer les investisseurs sur la solvabilité de l’Etat alors que les contraintes budgétaires laissaient présager un défaut de paiement. Elle va également alléger les pressions sur la trésorerie du pays, mise à rude épreuve depuis que l’exécutif actuel a annoncé avoir découvert une sous-déclaration significative des dépenses de la précédente équipe gouvernementale. Décidément, il n’y a pas qu’au Sénégal où l’on découvre les cadavres au placard. Ainsi, en intégrant les arriérés intérieurs qui ont permis de financer les dépenses «extra-budgétaires» sous le dernier gouvernement d’Ali Bongo, le taux d’endettement passe à 70,5% du PIB à fin 2023, soit 14 points de pourcentage de plus que ce qui était annoncé. Les arriérés sur la dette extérieure ont également été réévalués à 123 milliards FCFA, soit 1 % du PIB.