Les banques commerciales kényanes ont demandé à la Banque centrale (Central Bank of Kenya) d’abaisser un peu plus son taux directeur, fixé actuellement à 10,75%, alors que les bénéfices du secteur ont augmenté de 11,58% en 2024, à 262 milliards de shillings kényans, soit l’équivalent de 2,02 milliards dollars
La CBK a déjà abaissé son taux de référence de 2,25 points de pourcentage en août 2024, où il s’établissait à 13%. Selon notre confrère Ecofin, l’Association des banques du Kenya justifie sa requête par la stabilité de l’inflation et du taux de change, ainsi que par la nécessité de stimuler le crédit au secteur privé.
Un taux de croissance attendu de 5,4% en 2025
Aussi, les banques expliquent que l’économie kényane devrait croître de 5,4% en 2025, selon le ministère des Finances et le FMI ; ce qui nécessite plus de crédits à l’économie. Or un taux directeur de 10,75% est objectivement un obstacle pour produire du crédit dont les opérateurs économiques ont besoin. Au regard de contraintes structurelles du secteur bancaire, pour que les taux directeurs de la Banque centrale produisent des effets, ils doivent être suffisamment impactants. Ainsi, seuls 5 des 38 banques opérant au Kenya ont répercuté les baisses précédentes du taux directeur sur leur politique commerciale en baissant leur taux d’intérêt, tandis que 14 établissements ont plutôt augmenté le loyer de l’argent facturé au client. Le taux moyen de prêt s’établit à 16,44% en février 2025 contre 17,22% en novembre 2024.
Cette situation contraste avec celle de l’UEMOA par exemple, où le taux débiteur moyen des banques commerciales s’établissait à 6,81% en janvier 2025, selon la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. L’écart de près de 10 points de pourcentage entre les taux kényans et ceux de l’UEMOA illustre les disparités régionales en matière d’accès au crédit en Afrique., relève Ecofin
Le crédit au secteur privé au Kenya a atteint son niveau le plus bas en 22 ans, les coûts d’emprunt élevés évinçant de nombreux opérateurs du guichet. Cette contraction a contribué à l’augmentation du risque de crédit, avec un ratio de créances douteuses atteignant 16,5% en décembre 2024, après avoir culminé à 16,7% en août, le niveau le plus élevé observé depuis près de vingt ans. Les PME sont particulièrement affectées, avec 60% des demandes de crédit refusées, principalement en raison des exigences de garanties insuffisantes. Une étude montre que 75% des PME considèrent l’accès au crédit comme prioritaire, 40% cherchant un financement pour l’expansion et 21% pour les opérations quotidiennes.
Des discussions sont en cours entre la Banque centrale et les banques pour réviser les modèles de tarification des prêts. Les autorités monétaires ont menacé de sanctionner les établissements qui ne transmettent pas les baisses de taux directeurs à leur clientèle.