Il est coutume pour les médias de dresser un bilan des 100 premiers jours d’un président élu. Peut-on appliquer cet exercice à un président de la Transition ? Pourquoi pas, puisqu’il est de fait le premier responsable du pays, en l’espèce le Niger, même si le général Abdourahamane Tchiani n’a pas encore eu l’onction des Sages en prêtant serment devant eux depuis qu’il est en fonction le 26 juillet 2023. Alors, que dire des 100 jours du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ?
Pour le moins, on peut dire que le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a connu un début plutôt tonitruant. A force de caractère, le nouveau régime a remporté certaines victoires allant dans le sens de sa consolidation. Pendant près de deux mois, ce fut un tango politico-diplomatique avec la France, laquelle n’a pas reconnu et ne reconnaît pas jusqu’à présent le pouvoir de la Transition. Mais, c’est surtout le feuilleton de l’ambassadeur Sylvain Itté, et celui des 1500 militaires qui ont constitué les premiers écueils du CNSP qui a eu le “culot” de dénoncer des accords militaires avec la France tout en exigeant le départ des forces armées françaises du territoire nigérien. Et le tout appuyé par des mesures d’interdiction de l’espace aérien à Air France et aux aeronefs français.
Ensuite, la menace d’une éventuelle intervention de la CEDEAO, la guerre diplomatique avec l’ONU, la France, les USA et l’Algérie remportée par le CNSP qui aujourd’hui a renforcé la surveillance des frontières avec les pays membres de la CEDEAO pour contrer les armées de la CEDEAO en cas d’une intervention militaire. D’ailleurs, au sujet de cette éventuelle intervention de la CEDEAO, Niamey peut se frotter les mains car les pays presentis pour le faire, ont abaissé leur alerte, demobilisé leurs soldats, la date tenue secrète de l’intervention est dépassée, et son instigateur, le président Nigérian Bola Tinubu, n’est «plus chaud», pressionné par les religieux de son pays. Passons sur le cas Mohamed Bazoum, sur lequel entre la France, la CEDEAO et le Niger, c’est toujours la tension, l’ex-président étant toujours perclus à la présidence, et ayant même tenté de s’évader, il y a quelques jours. Selon les autorités en place à Niamey.
En trois mois, après avoir dénoncé les accords militaires avec la France, le Niger a créé avec le Burkina Faso et le Mali, l’Alliance des États du Sahel (AES)
Sur le plan socio-économique, face aux sanctions de la CEDEAO, de l’UE et tout dernièrement des USA, la transition a plutôt affiché une attitude sereine en maintenant à bonne date la rentrée des classes, en assurant les dépenses de souveraineté comme les salaires tout en faisant preuve de solidarité en alimentant le Burkina Faso, le Mali, la Guinée et bientôt le Togo, en hydrocarbures par la société de raffinage du Niger. L’on peut interpréter ce geste des nouvelles de Niamey comme une fière chandelle d’autant que le pays a bénéficié de la solidarité de ses voisins face aux pénuries alimentaires. Pour assainir la gouvernance économique, après la mise en place des organes de la transition, le gouvernement a tenu à chercher à voir clair dans la gestion du régime déchu et ce qui s’est matérialisé par l’arrestation ou l’interpellation des anciens bonzes soupçonnés du pillage des biens publics.