Malgré l’avantage des relations historiques, voire séculaires que lui confère une importante diaspora implantée en Tanzanie, New Delhi n’avait étrangement qu’une présence économique limitée dans ce pays. Au contraire de la Chine, son rival géopolitique, les multinationales indiennes avaient surtout privilégié une expansion en Asie du Sud et au Moyen-Orient.
Le marché d’exploitation de trois quais pour la manutention du fret conteneurisé au port de Dar es-Salaam que vient de décrocher le groupe Adani Ports & Special Economic Zone est peut-être un premier signe de la réorientation stratégique de grands opérateurs indiens. La Tanzania Ports Authority, l’Autorité portuaire tanzanienne vient d’annoncer le verdict de l’appel d’offres où le conglomérat indien a coiffé sur le poteau la concurrence chinoise. «Alors que nous recherchons un autre investisseur, nous avons engagé Adani Ports and Special Economic Zone Limited pour fournir des services. Ce n’est qu’un prestataire de services que nous payons à la fin du mois», a indiqué Plasduce Mbossa, Directeur général de l’Autorité portuaire.
La Tanzania International Container Terminal Services, filiale du groupe Hutchison Holdings Limited, gérait les quais depuis 5 ans, mais a vu ses droits d’exploitation expirer fin septembre 2022. Les deux parties ne sont depuis lors pas parvenues à un accord malgré plusieurs rounds de négociation.
La Tanzanie affiche depuis peu plus d’ambitions pour son principal port, un programme de développement qui passe par l’attribution de son exploitation à des opérateurs de standing mondial. Comme le voisin kényan, le pays voudrait en effet devenir un hub portuaire d’Afrique de l’Est, et multiplie de ce fait les investissements dans la modernisation des infrastructures du port de Dar es-Salaam. L’objectif est de décupler le trafic les prochaines années.
Avant la Covid-19, le trafic global du port de Mombasa était de 37 millions de tonnes, alors que les volumes traités au port de Dar es-Salaam étaient de 17 millions de tonnes.