Plus d’un siècle après avoir accueilli une première filiale, en 1911 en Tunisie, le Continent a, semble-t-il, perdu son poids stratégique au sein du groupe bancaire Société Générale. Ou du moins, l’Afrique n’a pas su atteindre une taille critique pour faire pencher les décisions en sa faveur
Le groupe bancaire français Société Générale, en quête d’une rentabilité, a fait le choix de se réorienter sur des marchés jugés plus porteurs, et donc offrant de meilleures conditions, en termes de taille et de conformité, pour y consacrer ses ressources. Si la banque a entamé sa sortie par la cession de filiales plus modestes, au Congo et au Tchad notamment, la vente récente de son navire-amiral sur le continent, Société Générale Maroc, sa filiale la plus importante et la plus rentable au groupe, ne laisse plus aucun doute sur la manœuvre stratégique. Le sort des filiales en Côte d’Ivoire et au Sénégal, les deux plus importantes en Afrique subsaharienne (hormis le Cameroun) semble scellé, bien au-delà du doute raisonnable.
Mais au fond, que valent ces deux filiales ?
On ne souhaite pas la grosseur à l’éléphant, cela va de soi, dit un proverbe mandingue. Société Générale Côte d’Ivoire est un géant aux reins solides qui trône sur le marché bancaire de l’UEMOA. Fin 2023, le total bilan culminait à 3.438 milliards FCFA (5,2 milliards d’euros). Au cours des cinq dernières années, entre 2019 et 2023, le PNB de la filiale ivoirienne de SocGen a augmenté de plus 100 milliards FCFA, passant de 150,3 milliards FCFA à 253,2 milliards (386 millions d’euros). Sur la même période, le résultat net a presque doublé, à 97,2 milliards FCFA.
Active sur un marché dont il dispute âprement le leadership à la CBAO, filiale du groupe Attijariwafa bank, Société Générale Sénégal y est un acteur majeur. Cette filiale s’impose comme la deuxième en Afrique subsaharienne avec un PNB de 82,6 milliards FCFA (126 millions d’euros) pour un bénéfice dépassant les 25 milliards FCFA (38,1 millions d’euros) en 2023. Depuis, la banque avait enregistré un bond de plus de 60 % de son bénéfice et revendique le statut de «première banque du Sénégal.»