Si Yaoundé est désormais à jour de ses échéances sur le service de la dette auprès de ses créanciers, les analystes de l’agence de notation Fitch Ratings se montrent néanmoins prudents sur la solvabilité à moyen terme du pays. «Nous constatons un risque persistant d’accumulation d’arriérés compte tenu du déficit de financement projeté du Trésor», souligne l’agence Fitch dans une note de synthèse qu’elle vient de publier
Pour justifier sa réserve, l’agence indique que le Cameroun pourrait ne pas obtenir les 200 millions de dollars attendus de la Banque mondiale à cause de retards dans la mise en œuvre des réformes structurelles. Pourtant, cet argent est bien inscrit dans l’exercice budgétaire en cours. Le non-décaissement de ce crédit par la Banque mondiale pourrait amener le gouvernement camerounais à puiser dans d’autres gisements de recettes, quitte à exacerber les tensions de trésorerie.
Une dette soutenable
L’extrême prudence de Fitch Ratings a surpris à Yaoundé. L’agence de notation reconnaît que le Cameroun a fourni des efforts pour apurer les arriérés sur la dette intérieure. En juillet dernier, le gouvernement a mobilisé 550 millions de dollars sur le marché international pour éponger les impayés du Trésor. Il s’est fixé 7 ans pour effacer la totalité des ardoises auprès de ses créanciers intérieurs.
A 41,7% du PIB, la dette du Trésor reste soutenable et la croissance (4% en 2025), résiliente, relèvent les analystes de l’agence Fitch Ratings. L’agence pourrait envisager un relèvement de la note souveraine du Cameroun qu’à la condition que le pays présente les gages d’une «amélioration durable de la gestion des finances publiques suffisante pour améliorer la confiance à prévenir l’accumulation d’arriérés.»
Risque d’une transition politique désordonnée
Dans son analyse, l’agence de notation financière s’alarme du risque politique qui pèse sur le pays. Fitch Ratings dit craindre une exacerbation des tensions sociopolitiques dans le pays qui résulteraient d’une nouvelle candidature de Paul Biya, 92 ans, à la présidentielle d’octobre 2025. «L’absence de plan de succession et les divisions et rivalités au sein du parti au pouvoir augmentent le risque d’une transition désordonnée du pouvoir.»