Un projet de loi déposé au Congrès américain porté par l’élu républicain proche de Donald Trump, Bill Huizenga, propose de supprimer le soutien des Etats-Unis à toute initiative du Fonds monétaire international (FMI) concernant les pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), tant qu’une évaluation complète de leurs réserves de change n’aura pas été réalisée
Bien que la proposition de loi « CEMAC Act.» porte sur les six pays de l’Afrique centrale ayant en commun l’usage du franc CFA (Cameroun, Gabon, Tchad, Congo, Centrafrique et Guinée équatoriale), ce texte est surtout destiné à attirer l’attention du FMI sur ses responsabilités dans la gestion d’une partie des avoirs extérieurs par ces Etats, notamment les ressources de restauration du passif environnemental versés par les majors pétroliers. On retrouve là, la cabale que mène l’administration Trump contre tous les programmes liés à la lutte contre le changement climatique.
En 2018, la banque centrale de la CEMAC, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale, a introduit une réglementation sur les réserves de changes qui impose aux entreprises extractives de constituer des fonds de restauration pour la réhabilitation des sites exploités. Elle a récemment fixé au 30 avril 2025 la date limite pour que les multinationales se conforment à cet accord, sous peine de lourdes pénalités équivalentes à 150 % de leur contribution au fonds de restauration à compter du 1er mai prochain.
La Banque centrale justifie sa démarche par son besoin de reconstituer ses réserves de change et de maintenir la stabilité extérieure de la sous-région, fragilisée par un niveau de couverture des importations de seulement 4,8 mois.
La principale préoccupation côté américain est que la BEAC résiste à renoncer à son immunité souveraine en cas de failles dans la gestion de ces réserves, alors même qu’elle veut assumer une position de dépositaire. Les promoteurs américains du projet de loi au Congrès, estiment que cette décision est arbitraire et que le FMI porte la responsabilité d’avoir refusé d’apporter des clarifications à ce sujet.
Dans leur volonté de défendre l’obligation pour les sociétés américaines de rendre disponibles ces fonds de restauration à la Banque centrale des Etats de la Cemac, les responsables américains invoquent les manuels du FMI, qui disent que ne peuvent être considérées comme réserves de change, que des ressources qui sont «rapidement disponibles et contrôlées » par un pays or, toujours selon eux, ces fonds de restauration ne répondent pas à ces critères. Au dernier décompte rendu public, les réserves de change de la Cemac s’élevaient à 7.584,9 milliards de FCFA.