Le Maroc, fidèle à sa politique de coopération Sud-Sud, a réaffirmé son engagement envers le Burundi à travers l’intervention de Mohamed Methqal, l’ambassadeur-Directeur général de l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), à la tête de la délégation marocaine. Il a souligné que la coopération marocaine avec le Burundi s’inscrit dans le cadre des orientations stratégiques définies par le Roi Mohammed VI, qui prône une coopération solidaire et agissante entre les pays africains. Selon Methqal, cette coopération repose sur des partenariats équilibrés, fondés sur le respect mutuel, et vise à améliorer le bien-être des populations africaines
« Le Maroc est engagé pour inscrire son soutien au Burundi, dans la droite ligne des axes prioritaires fixés par la Vision 2040-2060. La coopération substantielle qui existe déjà entre les deux pays sera optimisée et renforcée encore plus, tout en veillant à garder l’élément humain au centre de son déploiement», a déclaré Mohamed Methqal, l’ambassadeur-Directeur général de l’Agence marocaine de coopération (AMCI), à la tête d’une forte délégation d’opérateurs économiques.
D’après lui, les relations entre les deux pays se renforcent et se diversifient au fil des années pour le bien des deux peuples. Et ce, malgré une distance de 8000 km séparant le Burundi du Maroc.
Une preuve, selon lui, que la fraternité et la solidarité ne sont pas fonction ni de proximité géographique, ni d’intérêts.
«En capitalisant sur l’ensemble des réalisations de la feuille de route de coopération entre le Burundi et le Maroc sur la période de 2021-2024, le Royaume œuvrera en partenariat avec l’ensemble des acteurs burundais, publics et privés, à mettre en œuvre une nouvelle feuille de route sur la période 2025-2027 qui s’inscrira dans l’esprit de la vision Burundi 2040-2060»,a-t-il mentionné, rappelant d’ailleurs quelques résultats de cette coopération.
Le Maroc est prêt à accueillir 1500 nouveaux boursiers burundais d’ici à 2040 dans ses universités, écoles …
Mohamed Methqal, l’ambassadeur-Directeur général de l’Agence marocaine de coopération, a indiqué que les 324 lauréats burundais qui ont bénéficié des bourses dans les universités marocaines, offrent actuellement une base humaine solide à des relations fraternelles dans la durée entre les deux pays. «Aujourd’hui, 199 boursiers burundais sont en train de poursuivre une formation au Maroc dans des filières aussi diverses que cruciales pour le développement de la Vision Burundi 2040-2060 telles que la santé, la médecine, l’ingénierie, les sciences et la formation professionnelle.»
Ainsi, dans le cadre de la nouvelle vision Burundi Pays émergent en 2040 et Burundi Pays développé en 2060, Mohamed Methqal a annoncé que le Royaume du Maroc s’engage à accueillir d’ici 2040, 1.500 nouveaux étudiants burundais boursiers dans les universités marocaines et 500 nouveaux étudiants boursiers dans les formations professionnelles.
Il a en outre évoqué les actions de coopération technique, les échanges en faveur des centaines de cadres burundais, pris en charge par le Maroc pour effectuer des stages de formation dans des secteurs clés identifiés conjointement, tels que la diplomatie, les douanes, la pêche et l’agriculture, la santé, l’habitat et l’urbanisme, les infrastructures et les transports, l’eau et l’électrification.
«Dans ce dernier domaine, une coopération poussée pourra se déployer entre l’Office National d’Eau et d’Electricité (ONEE Ndlr) et les autorités burundaises, à l’effet de diagnostiquer les besoins et d’établir un plan d’action en matière d’assistance technique», a-t-il précisé affirmant que le secteur de l’agriculture qui permet de garantir la sécurité alimentaire des populations, revêt aussi un intérêt central pour le Burundi. «La coopération bilatérale sera également amplifiée dans ce domaine», a-t-il promis.
Logistique, banque, finance, mines …
D’autres domaines ne seront pas oubliés. D’après lui, le Burundi pourra bénéficier des expériences marocaines dans le domaine de la logistique, routier ou aéroportuaire. «Les relations entre les deux pays doivent également se refléter au niveau des échanges économiques et des investissements, d’autant plus que le Maroc et le Burundi regorgent d’énormes potentialités d’opportunités économiques prometteuses.»
Et là, les opérateurs privés, les investisseurs marocains et burundais devraient jouer un rôle important dans le développement des relations économiques bilatérales, a-t-il interpelé tout en plaidant pour des partenariats concrets, que ce soit dans les domaines bancaires et financiers, l’agriculture et la pêche, la formation professionnelle, les mines, les infrastructures, l’eau et l’électricité ou les énergies renouvelables.
«Les acteurs bancaires et financiers marocains pourront accompagner le Burundi dans la mobilisation des financements, dans l’attraction des investisseurs étrangers et le développement des partenariats avec les opérateurs économiques internationaux.»
Concernant le domaine minier, il a précisé que les opérateurs miniers marocains, publics ou privés, disposant d’un savoir-faire avéré, seront disponibles également pour accompagner le développement de ce secteur au Burundi. Le Maroc est prêt à mettre son expertise en matière de formation professionnelle, d’électricité ou d’énergie renouvelable au service du développement du Burundi.
A cette table ronde, la délégation marocaine comprenait plusieurs responsables ; représentants des ministères, des établissements publics, des entreprises du secteur privé et des acteurs bancaires et financiers.
Il s’agit du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, le ministère du Tourisme, de l’Artisanat de l’Economie sociale et Solidaire, le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, l’Agence marocaine du développement des investissements et des exportations, l’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail, la Caisse de Dépôt et de Gestion, l’Office National de l’Electricité et de l’Eau Potable, l’Office National des Hydrocarbures et des Mines, la Société Marocaine de l’Ingénierie Touristique, le Groupe OCP, le Groupe Al Omrane, BANK OF Africa, Attijariwafa Bank, ainsi que la Chambre Africaine de Commerce et de Service-Dakhla.
![La délégation marocaine reçue par le Chef de l'Etat du Burundi.](https://afrimag.net/wp-content/smush-webp/2025/01/La-delegation-marocaine-recue-par-le-Chef-de-lEtat-du-Burundi-scaled.jpg.webp)
De l’agriculture de subsistance à une économie industrielle
«La finalité de la vision est d’améliorer les conditions de vie de la population et réduire les inégalités à travers la transformation de l’économie burundaise qui est fortement dominée par la transformation agricole où le secteur représente plus de 30% au détriment du secteur industriel qui représente 17% », a confié Alain Ndikumana, Directeur du bureau d’Etudes stratégiques et du développement. Dans un entretien accordé à AFRIMAG, lors de cette table ronde, Alain Ndikumana a précisé que l’objectif final est de pouvoir passer de cette économie agricole, de subsistance à une économie industrielle où elle est créatrice d’emplois décents. «Ce qui permettra d’améliorer les conditions de vie de la population», a-t-il mentionné, notant que la Vision 2040-2060 est fondé sur cinq piliers.
Il s’agit selon lui de l’engagement de l’Etat ; l’efficacité économique ; l’équité sociale ; la sauvegarde de l’environnement et la préservation de la culture ainsi que la mobilisation d’un partenariat fructueux.
Pour ce qui est du financement de cette Vision, M.Ndikumana a indiqué que c’est à travers le Plan National de développement (PND) révisé dont il faut s’appuyer. Il a ainsi précisé que pour la période 2023-2027, le budget nécessaire sur les 5 ans est de 28,8 milliards de dollars US. «On a déjà mobilisé avec les partenaires traditionnels 4,52 milliards de dollars US. Et si on ajoute les recettes déjà mobilisées au niveau national, nous sommes à presque 6 milliards de dollars disponibles. Il nous reste donc à mobiliser autour de 22 milliards de dollars.»
A ceux qui évoquent un mauvais climat d’affaires dans le pays, M.Ndikumana, a tenu à souligner que le chemin vers le développement ou vers l’émergence n’est pas une ligne droite qui est dessinée. «Certes, il y a des défis mais il y a beaucoup de choses qui sont en train d’être faites. Il y a des réformes au niveau macroéconomique, la libéralisation des taux de changes, etc.»
Un avenir prometteur pour le Burundi et le Maroc
La table ronde des partenaires au développement et des investisseurs privés de décembre 2024 a permis de poser les bases d’une coopération renforcée entre le Maroc et le Burundi, dans le cadre de la Vision 2040-2060. Grâce à cette coopération Sud-Sud, les deux pays pourront réaliser leurs ambitions respectives de développement économique, social et environnemental. En unissant leurs forces, les deux pays ouvriront de nouvelles perspectives de croissance durable, propices à l’émergence de l’Afrique dans son ensemble.
De notre correspondant permanent à Bujumbura pour l’Afrique de l’Est : Rénovat Ndabashinze