La première édition du Salon International des Ressources Extractives et Énergétiques (SIREXE), tenue à Abidjan du 27 novembre au 2 décembre, s’est conclue sur une note d’espoir et d’engagement. Organisé sous le thème «Développement durable des industries extractives et énergétiques : quelles politiques et stratégies ?» Le salon a rassemblé des acteurs régionaux et internationaux venus explorer les opportunités offertes par ce secteur stratégique
Avec 2 200 professionnels, 320 exposants et 25 000 visiteurs, cet événement de grande envergure a également mobilisé 134 médias nationaux et internationaux et accueilli 30 délégations ministérielles. “Un véritable coup de maître”, s’est satisfait le Premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé.
Une mobilisation au sommet
Le vice-Président ivoirien, Tiémoko Meyliet Koné accompagné de plusieurs hauts responsables, dont le vice-Président nigérian Kashim Shettima, a ouvert cet événement majeur. Dans son allocution, il a insisté sur l’urgence d’une exploitation responsable des ressources naturelles. «Nos ressources doivent être le socle d’un développement durable et inclusif pour nos populations», a-t-il déclaré.
Pour le ministre ivoirien des Mines, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, le SIREXE est un signal fort pour attirer les investissements. À cette occasion, il a annoncé la création d’un Fonds d’investissement minier, destiné à soutenir les petites entreprises du secteur.
Doté de 14 milliards de FCFA, le fonds doit servir à financer les sous-traitants et fournisseurs de services du secteur, ainsi qu’à sécuriser une partie des retraites des travailleurs des mines.
«Nous voulons intégrer les communautés locales dans cette dynamique de développement», a-t-il souligné, avant d’ajouter : «ce salon vise à fédérer toutes les initiatives éparses qui existent et à intégrer en une plateforme unique les trois sous-secteurs que sont les mines, le pétrole et l’énergie.»
Même son de cloche chez le Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé. Lors de son discours de clôture du SIREXE ce 1er décembre, le chef du gouvernement a dévoilé une feuille de route en sept piliers pour l’avenir de l’industrie extractive. Parmi ces priorités figure la transformation locale, qui vise à renforcer la chaîne de valeur et à dynamiser l’industrie nationale.
Des partenariats pour renforcer l’industrie
Le salon a également été marqué par la signature de contrats représentant 4 000 milliards de francs CFA. Parmi les accords majeurs, Eni et le ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie de Côte d’Ivoire ont signé un partenariat pour l’acquisition de quatre nouveaux blocs d’exploration offshore. Cette signature renforce la présence d’Eni dans le pays et témoigne de l’attractivité de la Côte d’Ivoire pour les investisseurs étrangers.
Un protocole d’accord a été également signé entre Petroci Holding, la société nationale pétrolière de Côte d’Ivoire, et Sonangol, son homologue angolais. Cet accord porte sur l’étude, le financement, la construction et l’exploitation d’une base intégrée de services et de logistique à Abidjan, inspirée du modèle de la base SONILS à Luanda. «C’est une collaboration qui montre les dynamiques du partenariat sud-sud», a affirmé un expert.
Le vice-Président ivoirien a indiqué que cette dynamique devrait se poursuivre. «Plus de 10 000 milliards de F CFA ont été investis en dix ans dans les secteurs extractifs. En l’espace d’une décennie, notre production d’or a été multipliée par quatre, celle du manganèse par trente, et la Côte d’Ivoire est devenue productrice de nickel», a-t-il précisé, ajoutant que de nouveaux minéraux stratégiques comme le cobalt et le lithium sont désormais explorés.
Transition énergétique et développement durable
Si les hydrocarbures et les minerais ont dominé les discussions, le Salon International des Ressources Extractives et Énergétiques (SIREXE) a offert une tribune importante aux énergies renouvelables. Plusieurs sessions ont mis en avant les avancées dans les domaines du solaire, de l’hydroélectricité et de l’éolien. La Côte d’Ivoire ambitionne de porter à 45 % la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030, avec pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 31,4 %. Une ambition qui se traduit par des initiatives, telles que l’inauguration de la première centrale photovoltaïque à Boundiali, financée par la banque de développement allemande KFW et l’Union européenne. Cette installation, d’une capacité de 37,5 MW, vise à fournir de l’électricité à plus de 430 000 personnes et à réduire les émissions de CO₂ de 60 000 tonnes par an. Actuellement 95% des localités en Côte d’Ivoire sont électrifiées, contre seulement 33% en 2011, revendique Abidjan.
“Nous visons désormais un accès universel à l’électricité d’ici 2030”, a déclaré Tiémoko Meyliet Koné.
Des projets pilotes, menés par des start-ups africaines, ont illustré le potentiel de la transition énergétique dans la région. Parmi les initiatives marquantes, un Hackathon, organisé en marge du salon, a mobilisé 120 équipes regroupant environ 300 participants, incluant étudiants, start-ups et entreprises. Les compétiteurs, venus de divers horizons, ont été invités à proposer des solutions innovantes pour relever les défis des secteurs des mines, des hydrocarbures et de l’énergie.
«La Côte d’Ivoire et la région doivent saisir cette opportunité pour diversifier leurs économies», a déclaré un analyste lors des discussions. Toutefois, des défis de taille persistent, notamment en matière de financement et d’infrastructures nécessaires pour intégrer ces énergies dans les réseaux existants.
Une feuille de route ambitieuse
Le SIREXE a permis de poser les jalons d’une stratégie commune pour les industries extractives et énergétiques. Parmi les recommandations, une meilleure gouvernance et une transparence renforcée dans la gestion des ressources ont été jugées prioritaires.
Avec plus de 2 000 participants et des retombées économiques significatives, cette première édition s’annonce comme un succès. Rendez-vous est pris pour 2026, pour un événement qui aspire à devenir un incontournable des industries extractives en Afrique. «Le SIREXE est désormais classé dans les meilleurs standards mondiaux», a déclaré Aka Mireille Chiniango, Commissaire adjointe du salon.