Le 47e Président des Etats Unis, Donald Trump est un revenant qui a occupé le Bureau ovale du 20 janvier 2017 au 20 janvier 2021. Il vient d’être réélu brillamment président des États-Unis ce 6 novembre. «Je vais me battre pour vous chaque jour», a-t-il dit sous les applaudissements de ses supporteurs ce mercredi matin. Le collège électoral, composé de 538 grands électeurs, doit encore se réunir le 17 décembre afin de voter officiellement pour le président et le vice-président. Ces derniers seront ensuite investis le 20 janvier 2025, puis pourront appliquer leur programme.
Et la première mesure de Trump est claire : «La première chose que je ferai si je suis élu c’est mettre hors d’état de nuire tous [l]es gangs et je prendrai des mesures pour dédommager les victimes de ces gangs», avait-il annoncé lors d’une conférence de presse le 29 octobre. En 2011, derniers chiffres officiels, le FBI, la police américaine, décomptait 33.000 gangs dans le pays et 1,4 million de membres.
Le président élu, qui a fait de la sécurité une priorité de sa campagne, veut également serrer la vis migratoire en lançant : «la plus grande expulsion de clandestins de l’histoire des États-Unis». Il veut s’appuyer sur «des technologies de pointe pour surveiller et sécuriser la frontière», augmenter les crédits de l’Immigration and Customs Enforcement(ICE), l’agence en charge des frontières et «terminer le mur», une frontière qui sépare le Mexique et les États-Unis. Une mesure phare de son premier mandat.
Priorité à l’économie
L’économie américaine, pourtant performante, a été au cœur des préoccupations des électeurs. Les deux candidats avaient tous deux assuré vouloir donner la priorité à la classe moyenne. Donald Trump veut poursuivre la dérégulation de l’économie afin de renforcer sa compétitivité. Il plaide pour une réduction de l’impôt sur les sociétés de 35% à 20% ou 10%, la détaxation des pourboires, ainsi que de larges crédits d’impôts aux industriels. Les industriels qui veulent travailler pour le gouvernement fédéral devront également s’engager à ne pas délocaliser certains de leurs emplois.
Ensuite, le président élu veut imposer des droits de douane importants : 10% pour toutes les importations et jusqu’à 60% pour celles venant de Chine. Mais l’Union européenne, à ses yeux, est aussi «une mini-Chine» qui «ne prend pas [nos]voitures, ne prends pas [nos]produits agricoles». «J’ai empêché une guerre avec la France. Elle voulait nous taxer à 25%. Je dois protéger les entreprises américaines, qu’on les aime ou non», avait-il expliqué lors d’un entretien à la radio, le 25 octobre. «Après 75 ans, les autres pays vont enfin nous rembourser tout ce que nous avons pu faire pour le monde», avait-il expliqué lors du débat face à la vice-présidente sortante, Kamala Harris. Ces mesures devraient permettre, selon lui, de réduire l’inflation (2,9% sur un an, selon le Bureau of Labor Statistics, l’équivalent de l’INSEE) et de créer des emplois aux États-Unis.
Enfin, Donald Trump compte «diviser par deux» les coûts énergétiques. Il veut, pour cela, investir dans les énergies fossiles, comme le gaz et le pétrole, et «forer comme des malades.» La partie environnementale de «l’Inflation Reduction Act» sera abrogée. Le président élu souhaite également réduire la voilure du gouvernement fédéral et charger Elon Musk, patron de Tesla, SpaceX et Starlink, d’un «audit» pour le «réformer en profondeur». Le ministère fédéral de l’Éducation sera ainsi supprimé, et ses compétences déléguées aux États. «Nous allons assécher le marais de l’éducation, et mettre fin à l’utilisation abusive de l’argent du contribuable pour endoctriner la jeunesse américaine avec toutes sortes de choses que vous ne voulez pas qu’elle entende», avait-il précisé en septembre au cours d’une réunion publique dans le Wisconsin.
Une politique étrangère rénovée
Donald Trump avait assuré pendant sa campagne pouvoir mettre fin à la guerre d’Ukraine «en vingt-quatre heures» et «restaurer la paix en Europe» menacée depuis l’intervention russe du 22 février 2014. Il ne s’est jamais exprimé clairement sur le sujet, mais plusieurs observateurs ont fait preuve d’inquiétude sur la poursuite du soutien financier à Kiev. Washington a accordé soixante-quinze milliards de dollars à l’Ukraine, tant en aide militaire, financière qu’humanitaire. Une aide de 425 millions de dollars a été annoncé le 1er novembre. Pour Trump, les Européens doivent assurer un financement a minima égal à celui des États-Unis.
En revanche, le président élu, comme lors de son premier mandat, se montre un très proche allié d’Israël. Il n’est toutefois pas «exactement sûr d’adorer la façon» dont l’État hébreu conduit son offensive à Gaza. Il a cependant toujours été très proche de Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien, qui a d’ailleurs limogé les ministres de la Défense et des Affaires étrangères hier, des opposants notoires. Lors de son premier mandat, il s’était montré très hostile à l’Iran, son programme nucléaire, et son expansion au Moyen-Orient. La lutte d’Israël contre le Hezbollah libanais ou plusieurs groupes en Irak et en Syrie devrait donc être soutenue. «Votre retour historique à la Maison Blanche offre un nouveau départ pour l’Amérique et un puissant réengagement envers la grande alliance entre Israël et l’Amérique», a jugé Benyamin Netanyahou ce mercredi.
Quant à l’Otan, l’alliance transatlantique, Donald Trump souhaite que «l’Europe paie sa part». Chaque membre devra porter à 2% de son Produit intérieur brut (PIB) la part des dépenses consacrée à la Défense, soit le seuil minimum fixé par l’alliance qui compte 32 membres. Le président élu a rapporté début 2024 lors d’une réunion publique, une conversation qui résume sa politique. «Si on ne paie pas et qu’on est attaqués par la Russie, est-ce que vous nous protégerez ?», lui aurait demandé un membre de l’Alliance. «Non, je ne vous protégerais pas. En fait, je les encouragerais à vous faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer vos dettes», a-t-il répondu. Pour lui, il s’agit surtout «d’une manière de négocier».
Avec Le Figaro