En novembre dernier, Abuja a annoncé une production de 1,8 million barils/jour, révisant au passage à la hausse, les prévisions de 2024 de 30 %. La production du brut devrait s’établir à 2 millions de barils quotidiens
Après plusieurs années à buter en dessous du seuil psychologique de 1,5 million de barils par jour de production pétrolière, en raison des vols, du vandalisme sur les oléoducs et du manque d’investissements, le Nigeria a fini par atteindre un plateau de 1,8 million de barils par jour en novembre dernier. Ce rebond est dû aux réformes entreprises par l’administration Tinubu, pour relancer la production. Le plan d’Abuja consiste, entre autres, à porter progressivement la production à 4 millions de barils/jour de brut, d’ici 2030. Le plan prévoit aussi de porter la production gazière à 12 milliards de pieds cubes, soit plus du triple de son niveau actuel (3,5 milliards de pieds cubes). Pour atteindre cet objectif, l’administration Tinubu a mis en œuvre des allègements fiscaux, approuvé la vente d’actifs et musclé le dispositif de sécurité autour des installations pétrolières.
Le régulateur de l’amont pétrolier (NUPRC) prévoit en outre un appel d’offres pour 31 blocs pétroliers et gaziers, couvrant des zones à terre et offshore et un autre appel d’offres pour des périmètres ayant fait l’objet de découvertes, mais qui n’ont pas été mis en exploitation.
Malgré ces efforts, la Banque centrale a émis des doutes quant à la faisabilité de l’objectif de produire 2 millions de barils de pétrole par jour.
Dans son dernier rapport économique, l’Institut d’émission pointe le vieillissement des infrastructures et les inefficacités opérationnelles comme les principaux obstacles à l’atteinte de cet objectif. «L’absence de solutions durables pour moderniser les pipelines et limiter les vols de brut risque de compromettre la viabilité de cet objectif ambitieux. La réussite de cette stratégie déterminera si le Nigeria pourra enfin s’imposer comme un producteur de pétrole fiable sur la scène internationale », indique la Banque centrale nigériane dans son rapport.
Ces réserves des autorités monétaires interviennent alors que plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer l’état de délabrement avancé des infrastructures de transport de pétrole brut dans le bassin du delta du Niger, victimes de vandalisme répété ces dernières années et d’un manque d’investissements pour leur remise à niveau.