Le rôle stratégique de l’IGF
L’Inspection Générale des Finances (IGF) est aujourd’hui l’un des piliers du dispositif de lutte contre la corruption en République Démocratique du Congo. Sa mission principale consiste à contrôler la gestion des finances publiques, garantir la transparence dans l’utilisation des ressources de l’État, et favoriser la reddition des comptes. Sous l’impulsion du Président Tshisekedi, l’IGF est devenue l’arme favorite du gouvernement pour restaurer la discipline budgétaire, dénoncer les détournements et promouvoir une gouvernance responsable. L’institution bénéficie du soutien d’une grande partie de la population, lasse de l’impunité et de la mauvaise gestion endémique. Mais son action, bien que saluée, soulève aussi des interrogations croissantes
Une émission qui bouscule : M. Kazadi face à La Lionne TV
Dans une interview exclusive accordée à Paulette Kimuntu sur La Lionne TV Officiel, l’ancien ministre des Finances de la RDC, M. Nicolas Kazadi, a brisé le silence et livré une critique frontale du système qu’il a pourtant servi. L’émission, largement relayée sur les réseaux sociaux, a mis en lumière les failles, selon lui, d’un État en crise :
Il y dénonce une «mafia gouvernementale» où les intérêts personnels l’emportent sur l’intérêt général.
Il fustige la faillite des entreprises publiques et l’indiscipline budgétaire, évoquant une culture de prédation enracinée chez les mandataires publics.
Il pointe aussi la politisation des mécanismes de contrôle, en particulier l’IGF dirigée par Jules Alingete, qu’il accuse implicitement de mener des inspections sélectives à des fins de règlements de comptes.
Mais ce n’est pas tout : M. Kazadi a critiqué le rôle passif de certains journalistes, affirmant qu’ils se contentent de diffuser des accusations sans faire preuve de rigueur, de respect du contradictoire ni de conscience de la présomption d’innocence. Il regrette que la justice soit parfois utilisée comme une arme contre les personnalités gênantes plutôt que comme un levier impartial de vérité.
Kazadi dit haut ce que beaucoup de Congolais savent déjà : que la gestion de la chose publique reste dominée par le clientélisme, l’impunité, le favoritisme politique, et le détournement des ressources nationales. Ses paroles résonnent comme un cri de vérité dans un pays où le silence est souvent imposé aux consciences.
L’IGF entre devoir de contrôle et soupçons d’instrumentalisation
Ces déclarations viennent renforcer un débat déjà brûlant : l’IGF est-elle restée fidèle à sa mission initiale de gardienne des finances publiques, ou a-t-elle été, par moments, utilisée pour régler des comptes politiques ?
Certes, l’IGF a permis de révéler de nombreux scandales, de récupérer des milliards de francs congolais, et de lancer un signal fort contre l’impunité. Mais dans un contexte de rivalités politiques, ses actions peuvent être perçues comme orientées ou sélectives, surtout lorsque les enquêtes ciblent essentiellement d’anciens collaborateurs ou des opposants.
Rigueur, justice et crédibilité
Pour que la lutte contre la corruption soit efficace et respectée, elle doit être menée avec justice, méthode et neutralité. L’IGF doit rester au-dessus de tout soupçon et agir sans agenda politique.
L’interview de M. Nicolas Kazadi sur La Lionne TV Officiel a eu le mérite de poser les vraies questions : voulons-nous une justice d’image ou une justice d’État ? Un combat pour la vérité ou une guerre de clans ? Le peuple congolais, lui, attend des réponses, pas des manipulations.
Willy Lukanga
Easy Cargo Freight International