Le Président Kaïs Saïed a nommé tard dans la nuit de mercredi à jeudi, Michket Slama Khaldi au poste très «éjectable» de ministre des Finances. Elle succède à Sihem Boughdiri, qui a été brusquement limogée sans que l’on n’en connaisse les raisons
Ancienne magistrate et présidente de la Commission

nationale de Réconciliation Pénale, la nouvelle ministre des Finances hérite d’un portefeuille sensible dont les titulaires ont souvent effectué un CDD à très court terme en raison de la crise économique dans laquelle est engluée la Tunisie depuis une dizaine d’années, une crise qui ressemble de plus en plus à une équation insoluble.
Avec des finances publiques sous tension permanente, une dette devenue insoutenable, des déficits budgétaires persistants et des pénuries de produits de première nécessité, le pays est sous perfusion financière de monarchies du Golfe et du Fonds monétaire international (FMI). Malgré un accord préliminaire en octobre 2022 pour un programme de 1,9 milliard de dollars en échange de réformes, la Tunisie reste réticente face aux exigences du FMI, notamment la suppression des subventions des produits de base.
Par ailleurs, l’inflation, bien qu’en retrait (9,3% en 2023 et 7% en 2024), continue d’éroder le pouvoir d’achat des ménages. Le chômage, quant à lui, reste stable à 16% au troisième trimestre 2024, soulignant la persistance des difficultés sur le marché du travail.
La mission de la nouvelle ministre des Finances s’annonce pour le moins, délicate. Elle devra trouver un équilibre entre la nécessité de stabiliser les finances publiques et celle d’éviter une aggravation des tensions sociales. Dans ce contexte, elle devra également rassurer les créanciers internationaux et restaurer la confiance des investisseurs. D’après les prévisions du FMI, le déficit budgétaire devrait légèrement diminuer en 2025 pour atteindre 3,4% du PIB, contre une estimation de 3,5% en 2024. En revanche, la dette publique s’inscrirait en hausse, passant de 83,7% à 84,3% sur la même période.