La fermeture de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) par l’administration Trump a déjà eu de graves répercussions sur l’ensemble de l’Afrique et menace de provoquer une catastrophe humanitaire. Le budget de 44 milliards de dollars de l’agence représente moins de 1 % du budget fédéral américain de 6750 milliards de dollars.
Des licenciements en cascade
Au Kenya, ce sont 54 000 soignants qui ont été licenciés et des milliers d’autres à travers le continent africain. La suspension des fonds de l’USAID par l’administration Trump ne se limite pas à un simple gel budgétaire, mais met en péril des programmes vitaux en Afrique et dans le monde. Alors que l’Afrique de l’Ouest et du Centre comptent 57 millions de personnes en situation d’urgence, cette coupe brutale affectera des programmes de santé, d’éducation et de lutte contre la pauvreté.
La suspension des fonds de l’USAID illustre la fragilité du financement de l’aide internationale. Sur les 11,5 milliards de dollars gelés, une large part concernait l’Afrique, menaçant des initiatives essentielles et aggravant les crises alimentaires, restreignant l’accès aux soins et compromettant des projets d’infrastructure et d’éducation.
Face à ce vide, des associations et fondations locales comme Malaïka de Noëlla Coursaris Musunka, ASAF Cameroun d’Eran Moas et Akwaba Mousso de Félicité Kramoh et Nemdia Daceney, jouent un rôle de plus en plus crucial. Elles s’imposent comme des acteurs de premier plan capables de répondre aux crises avec rapidité et efficacité.
Des acteurs internationaux sous pression face à des crises multiples
Les inondations de septembre 2024 en Afrique de l’Ouest, qui ont affecté plus de trois millions de personnes, témoignent de l’enchevêtrement des crises touchant le continent. Aux côtés des gouvernements, des ONG internationales comme Action contre la Faim et Médecins Sans Frontières ont déployé des interventions ciblées, notamment en matière d’aide alimentaire et médicale. Cependant, au-delà du manque de financements, ces acteurs internationaux doivent faire face à des défis plus complexes : des contraintes logistiques entravant l’acheminement de l’aide, des tensions politiques limitant leur marge de manœuvre et des contextes sécuritaires instables mettant en péril leurs opérations.
Dans ce paysage de plus en plus fragmenté, la reconstruction des infrastructures et le relogement des sinistrés ont reposé en grande partie sur les associations et fondations locales, dont l’ancrage leur permet d’agir avec réactivité et efficacité. Là où les grandes ONG se heurtent à des restrictions administratives ou à des difficultés d’accès, ces structures locales assurent une continuité essentielle sur le terrain. L’enjeu dépasse ainsi l’aide ponctuelle : il s’agit de renforcer les capacités locales pour garantir une réponse pérenne et adaptée aux réalités du terrain.
L’urgence d’une réponse locale et adaptée
Renforcer les capacités locales, c’est s’appuyer sur des acteurs ancrés dans le tissu social, capables d’intervenir sans délai et d’adapter leur action aux besoins réels. Leur proximité avec les populations en fait des relais essentiels pour assurer une réponse durable aux crises.
En Côte d’Ivoire, l’association Akwaba Mousso œuvre pour l’autonomie des femmes à travers un centre de formation et un foyer d’accueil, où plus de 350 femmes et jeunes filles ont déjà été accompagnées. En leur donnant accès à des compétences et des ressources adaptées, elle leur permet de construire un avenir plus stable, à la fois sur le plan économique et social.
Des partenaires locaux jouent un rôle clé dans cet engagement : l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire (AFJCI) assure un accompagnement juridique aux bénéficiaires, tandis que la commune de Cocody a facilité l’installation de l’association, renforçant son ancrage sur le territoire. Un appui déterminant qui permet à ces femmes de se former, de s’émanciper et de gagner en indépendance.
La Fondation ASAF Cameroun, fondée par l’homme d’affaires et philanthrope Eran Moas, incarne cette dynamique avec une présence active sur tout le territoire. Fidèle à sa devise, «Agir pour ceux qu’on ne voit pas », elle déploie des initiatives ciblées au Cameroun, qu’il s’agisse de programmes éducatifs pour les enfants handicapés ou d’actions en faveur de l’autonomisation des femmes. Ouverte à toutes les populations, sans distinction de statut social, de sexe ou d’origine, elle œuvre pour un accès équitable aux opportunités de développement pour les camerounais.
« L’impact réel se mesure sur le terrain, au plus près des communautés. Notre engagement est d’apporter des solutions concrètes et durables, là où les besoins sont les plus pressants», souligne Eran Moas. Une vision partagée par sa directrice générale, Kimberley Ntsimi : « Nous travaillons avec des communautés que les grands programmes d’aide n’atteignent pas toujours.»
Dans cette optique, la fondation apporte son soutien à Amal Djaili Amadou, écrivaine primée et militante engagée pour les droits des femmes, en finançant les bibliothèques qu’elle a ouvertes à Maroua et Douala. Ce soutien s’inscrit dans une volonté plus large de favoriser l’accès à l’éducation et d’accompagner les écoles dans les zones les plus vulnérables.
Cette proximité avec les bénéficiaires offre aux associations locales une flexibilité inégalée.
Là où les grands bailleurs de fonds doivent composer avec des procédures administratives complexes, ces acteurs de terrain mobilisent rapidement les ressources et apportent des réponses concrètes aux urgences. Un modèle qui, face aux défis actuels, apparaît plus que jamais indispensable.
La suspension des financements de l’USAID et la réduction progressive des budgets d’aide internationale sont un signal d’alarme. Elles rappellent l’importance de renforcer les structures locales qui, aujourd’hui plus que jamais, sont en première ligne face aux crises.
Si l’aide humanitaire internationale continue de se transformer, une chose reste certaine : sans les associations et fondations locales, des millions de personnes resteraient sans assistance. À l’heure où le monde fait face à des défis d’une ampleur sans précédent, elles sont, plus que jamais, indispensabl