La devise américaine s’envole et les réserves de change des banques centrales fondent à vue d’œil. Elles ont diminué de plus de 1.000 milliards de dollars depuis le début de l’année, selon Bloomberg cité par notre confrère Les Echos.
La baisse d’environ 8 % est inédite depuis au moins une vingtaine d’années. Le magot accumulé par les banques centrales pour défendre la stabilité de leur monnaie et éviter des crises de balance des paiements comme celles qui avaient frappé le Mexique ou les pays d’Asie en 1997, est descendu autour de 12.000 milliards de dollars contre 12.920 milliards fin 2021.
Cette baisse du trésor de guerre des instituts d’émission inquiète le Fonds monétaire international qui les a exhortés à être prudents et à préserver leurs ressources pour des turbulences potentiellement plus graves à l’avenir.
A l’origine de cet affaissement des réserves de change : la forte appréciation du dollar, en hausse de 15 % depuis le début de l’année. Le dollar pourrait signer son année la plus flamboyante depuis le début des années 1980. Et ce, alors même que la Fed n’est pas encore arrivée au bout de son cycle de hausse des taux.
La semaine dernière à Washington, lors des assemblées du FMI et de la Banque mondiale, la vigueur du billet vert était au cœur de toutes les conversations. Les ministres des Finances présents ont abordé la question en privé avec le FMI, le Trésor américain et la Fed, rapporte l’agence Bloomberg.
L’ascension du billet vert sur les réserves de change
Concrètement, l’ascension du dollar agit de deux façons sur les réserves de change. D’abord, les autres devises de réserve comme l’euro (un peu moins de 20 % des réserves mondiales) ou le yen (un peu plus de 5 %) perdent de la valeur par rapport au billet vert. L’euro a baissé d’environ 15 % face au dollar et le yen de 23 %. Pour les économistes des marchés, cette dépréciation explique plus de la moitié de la fonte des réserves de change. Mais l’envolée du dollar a aussi incité bon nombre de banques centrales, de l’Asie à l’Amérique latine en passant par l’Europe centrale et orientale, à tenter de freiner le déclin de leur devise en intervenant sur le marché. Les prix de l’énergie étant libellés en dollar, l’objectif est de limiter l’inflation importée. Les banques centrales asiatiques, traditionnellement les plus interventionnistes, sont, cette fois encore, les plus actives sur le marché des changes. En Inde, en Indonésie, en Corée du Sud, à Taïwan, aux Philippines ou encore en Thaïlande, elles tentent par tous les moyens -et souvent en vain- de ralentir la chute de leur monnaie.