Plusieurs dirigeants de la Réserve fédérale et économistes ont concédé ces derniers jours l’impact potentiellement négatif d’un dollar fort sur la stabilité financière et les économies de pays partenaires ou émergents, rapporte notre confrère Les Echos. Mais une action concertée des banques centrales pour contenir cette hausse du billet vert n’est pas à l’ordre du jour.
Le dollar fort va-t-il commencer à faire débat aux Etats-Unis ? Washington s’est jusqu’ici satisfait de la vigueur du billet vert, symbole de sa puissance économique et politique dans le monde. La force de la devise, d’abord, a confirmé son statut de valeur refuge dans les périodes de troubles géopolitiques. Elle acte, ensuite, l’avance américaine dans le cycle de croissance et de taux d’intérêt : avec un rebond plus rapide de l’activité après la pandémie du Covid-19 suivi d’un resserrement monétaire vigoureux, la hausse du cours du dollar face aux autres monnaies reflète le différentiel de croissance et de taux d’intérêt en faveur des Etats-Unis. Résultat, les capitaux affluent par milliards de dollars aux Etats-Unis.
Contrairement à une certaine idée, un dollar fort n’est pas toujours souhaité
Un dollar fort sur la durée n’est pas forcément dans l’intérêt des Etats-Unis en raison de ses conséquences sur les partenaires étrangers et les pays émergents. D’où ces nuances qui commencent à apparaître, jusqu’au sein de la vénérable Réserve fédérale. Rappelant l’appréciation de plus de 10 % du dollar cette année, la vice-présidente de la Fed, Lael Brainard, a rappelé que cela tendait «à réduire les prix à l’importation aux Etats-Unis », facilitant ainsi le travail de la Fed. Mais d’autres responsables monétaires estiment que la dépréciation correspondante de la monnaie peut contribuer à l’accélération des pressions inflationnistes importées et nécessiter un resserrement supplémentaire pour les compenser.
Face à la hausse du dollar cette année, «vous pourriez vous inquiéter du risque de contagion financière», a aussi relevé Thomas Barkin, président d’une branche régionale de la Réserve fédérale dont les propos sont cités par Les Echos. «Il y a tout un tas de raisons de s’en inquiéter, rappelant que beaucoup de pays empruntent en dollars – et notamment des pays émergents.
Pour l’heure, les exportations américaines ont résisté. Mais au gré de la publication de leurs résultats, les entreprises américaines actives à l’international commencent à maugréer contre la vigueur du billet vert.
L’hypothèse d’une action concertée des banques centrales pour calmer la vigueur du dollar, comme ce fut le cas en 1985, est encore loin d’être à l’ordre du jour.