Le pays ouest-africain se hisse en tête du classement mesuré par l’indice Institutions sociales et égalité des genres (SIGI) de l’OCDE, surpassant le Mozambique, le Rwanda et l’Afrique du Sud. Ce classement, qui évalue l’impact des institutions sociales discriminatoires sur la vie des femmes et des filles, reconnaît une décennie de réformes portées par le Président Ouattara en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes
En moins d’une décennie, la Côte d’Ivoire est devenue une référence en matière d’égalité femmes-hommes sur le continent africain. Le pays est aujourd’hui le mieux noté d’Afrique selon l’indice SIGI de l’OCDE, devant le Mozambique, le Rwanda et l’Afrique du Sud. Ce classement, qui mesure la discrimination à l’égard des femmes dans 179 pays, se base sur plusieurs critères : les discriminations au sein de la famille, l’intégrité physique, l’accès aux ressources économiques et aux financements, ainsi que les libertés civiles.
La Côte d’Ivoire nettement au-dessus de la moyenne africaine
Avec une note de 17,3 sur 100 (0 étant le meilleur score et 100 le plus mauvais), la Côte d’Ivoire surpasse largement la moyenne africaine, qui avoisine les 40. Un score qui, selon l’OCDE, reflète les nombreuses réformes engagées par le gouvernement ivoirien ces dernières années pour améliorer la place des femmes dans la société. En témoignent les récentes nominations ou élections de femmes à des postes clés, comme celles de Chantal Camara Nanaba à la tête du Conseil constitutionnel ou de Kandia Kamissoko Camara à la présidence du Sénat en 2023.
Des réformes législatives et institutionnelles majeures
Derrière ces progrès, un arsenal législatif renforcé a été mis en place ainsi qu’une série d’initiatives visant à réduire les inégalités de genre. A ce titre, on peut citer la criminalisation des violences domestiques, l’alignement de l’âge légal du mariage à 18 ans, l’octroi aux mères des mêmes droits parentaux que les pères, l’intégration des épouses dans l’héritage de leur conjoint, ainsi que l’instauration d’un quota de 30 % de femmes dans les instances politiques et économiques comptent parmi les mesures phares adoptées ces dernières années.
Sur le terrain économique, les progrès sont également notables. 38 % des propriétaires fonciers en Côte d’Ivoire sont aujourd’hui des femmes, contre 35 % dans le monde et 28 % en moyenne en Afrique de l’Ouest. Une évolution significative dans un pays où l’accès au foncier reste un enjeu majeur.
Sur le plan éducatif, les filles ont désormais accès à des formations traditionnellement réservées aux hommes. L’École Militaire Préparatoire et Technique de Bingerville a ouvert ses portes aux jeunes filles dès 2013, suivie en 2015 par la Gendarmerie nationale, qui a accueilli sa première promotion féminine.
Sur le front économique, le Fonds d’Appui aux Femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI), initié en 2012 par Alassane Ouattara dès son arrivée au pouvoir, a permis à des milliers de femmes d’accéder à des financements pour développer leur activité. Son capital devrait atteindre 30 milliards de FCFA d’ici fin 2025, selon les engagements du gouvernement. Abidjan a également renforcé ses investissements dans la santé des femmes, en partenariat avec la Banque mondiale et le Global Financing Facility (GFF). Une enveloppe de 220 millions de dollars a notamment été mobilisée pour améliorer les services de santé maternelle et infantile.
Un engagement de longue date inscrit dans la Constitution
L’égalité femmes-hommes n’est pas une question nouvelle en Côte d’Ivoire. En 2016, une révision de la Constitution est venue consacrer cette dynamique en inscrivant l’égalité des sexes dans son préambule.
Euphrasie Kouassi Yao, ministre de la promotion de la Femme, de Fa famille et de la Protection de l’Enfant, qui a joué un rôle clé dans l’élaboration de ces politiques, rappelle que les progrès ne se mesurent pas seulement en matière législative, mais aussi dans la transformation des structures sociales et économiques. Parmi ses nombreuses initiatives figurent : la création d’un centre de prévention et d’aide aux victimes de violences sexuelles, le lancement d’un label «genre et compétitivité des entreprises», pour favoriser l’inclusion des femmes dans le secteur privé ou la mise en place d’un master en genre, économie et gestion durable de l’eau à l’Université Félix Houphouët-Boigny, en partenariat avec l’Unesco.
Un modèle africain en construction
Si la Côte d’Ivoire est aujourd’hui un pays pionnier en matière d’égalité femmes-hommes sur le continent africain, les défis restent nombreux. Les avancées législatives doivent encore être pleinement appliquées, les stéréotypes de genre déconstruits et la représentation des femmes renforcée dans les sphères de décision. Le quota de 30 % de femmes en politique n’a pas encore été pleinement atteint. Lors des élections législatives de 2021, seules 32 femmes ont été élues sur les 255 sièges de l’Assemblée nationale, soit seulement 12,5 % des députés. Un autre sujet de préoccupation demeure les violences faites aux femmes. Si la loi de 2019 a marqué une avancée en matière de protection, des efforts supplémentaires doivent intervenir dans la prise en charge des victimes.
Loin d’un triomphalisme, la reconnaissance par l’OCDE de ces progrès remet surtout sur la table la nécessité de poursuivre les efforts entrepris par le gouvernement pour inscrire durablement l’égalité entre les femmes et les hommes dans la réalité quotidienne des Ivoiriens.