C’est un effort d’investissement sans précédent annoncé mercredi 12 mars par le ministre des Finances sud-africain, Enoch Godongwana. Prétoria prévoit en effet d’investir 1.030 milliards de rands, soit la bagatelle de 56 milliards de dollars dans des projets d’infrastructures au cours des trois prochaines années pour stimuler la croissance économique
Depuis sa tombe, John Maynard Keynes, le plus grand économiste du XXème siècle, appréciera, lui l’inspirateur de la relance de la demande par les grands travaux financés par l’Etat.
«Les infrastructures sont un pilier essentiel de notre stratégie de croissance. Ce sont le fondement du développement économique, une source essentielle d’emplois et un moyen d’améliorer la prestation de services. Le budget reflète cette compréhension», a déclaré l’argentier du pays lors de la présentation du projet du budget de l’Etat. Le ministre a précisé que les investissements se concentreront sur trois secteurs, à savoir le transport et la logistique (402 milliards de rands), les infrastructures énergétiques (219 milliards) et l’eau et l’assainissement (156 milliards de rands).
Renforcer le réseau routier
Dans le domaine des transports, l’Agence nationale des routes d’Afrique du Sud (Sanral) investira 100 milliards de rands à moyen terme pour maintenir le réseau routier en bon état. Parallèlement, l’Agence sud-africaine des chemins de fer (Prasa) recevra une allocation budgétaire de 19,2 milliards de rands pour l’amélioration de la signalisation. Dans le secteur de l’eau, plusieurs projets de barrages de grande envergure sont accélérés ou proches de la phase de construction, a indiqué le ministre sud-africain des Finances.
Enoch Godongwana a par ailleurs révélé qu’une structure unique supervisée par le Trésor sera créée cette année pour coordonner la participation de l’Etat à la préparation et à la planification des projets d’infrastructures, le financement des partenariats public-privé (PPP) et les garanties de prêts.
Il a indiqué que le gouvernement table sur une croissance économique de 1,8% en moyenne par an durant la période 2025-2027, contre 0,6% en 2024, grâce notamment à l’accélération de la cadence de la réalisation des projets d’infrastructures et de la mise en œuvre des réformes structurelles touchant les secteurs de l’énergie et de la logistique.
Améliorer la logistique
L’économie sud-africaine connaît un coup de froid ces dernières années en raison notamment de la crise énergétique consécutive à l’incapacité de l’énergéticien national, Eskom à répondre à la demande, avec ses centrales à charbon vieillissantes et de nouvelles capacités de production inadéquates. L’entreprise publique, qui produit la majeure partie de l’électricité utilisée dans le pays et approvisionne partiellement des voisins comme la Zambie et le Zimbabwe, traîne une dette publique colossale héritée de plusieurs années de corruption et de mauvaise gestion.
Les performances économiques médiocres de l’Afrique du Sud découlent aussi de contraintes logistiques liées par ailleurs à l’incapacité de l’entreprise publique de chemin de fer, Transnet à faire fonctionner le rail et les ports qui sont sous sa gestion. La vétusté des infrastructures, l’insuffisance du réseau ferroviaire et la congestion des ports sont régulièrement critiquées par les opérateurs économiques qui se disent incapables de répondre à la demande mondiale, en raison des difficultés logistiques.