Au sommet mondial sur l’IA à Paris qui ouvre ses portes lundi 10 et mardi 11 février, le président Emmanuel Macron a appelé les Européens à se doter rapidement d’une stratégie sur l’IA, suggérant d’agir en mode «Notre-Dame.» Une référence aux procédures simplifiées pour la reconstruction en un temps record de la célèbre cathédrale
Le président Emmanuel Macron a appelé ce lundi 10 février les Européens à un «sursaut» pour combler leur retard dans l’intelligence artificielle, suggérant d’agir en mode «Notre-Dame», en référence aux procédures simplifiées pour la reconstruction en un temps record de la célèbre cathédrale de Paris.
«Il est temps de se réveiller et (d’avoir) une stratégie européenne», a-t-il lancé en anglais au premier jour du sommet mondial sur l’intelligence artificielle à Paris. «Nous avons montré au reste du monde qu’avec un calendrier clair, nous pouvons y arriver», a-t-il ajouté en référence à Notre-Dame, en plaidant aussi pour une «rationalisation des procédures» et un pilotage simplifié.
Investir massivement dans l’IA
Emmanuel Macron a annoncé, dimanche 9 février, sur France 2, des investissements privés de « 109 milliards d’euros dans les prochaines années ».
Selon Emmanuel Macron, ces 109 milliards d’euros sont « l’équivalent pour la France de ce que les Etats-Unis ont annoncé avec Stargate », le grand plan d’investissement des Etats-Unis dans l’IA, évalué à 480 milliards d’euros. Un équivalent tout relatif, mais « l’ordre de grandeur est en faveur de notre territoire, si on rapporte le total au PIB de chaque pays », a défendu l’Elysée lundi dans un point presse. « On est sur un montant colossal, jamais vu », a martelé la présidence. Franceinfo vous présente les principales initiatives dévoilées.
Cinquante milliards d’euros investis par les Emirats arabes unis
Une grande partie des 109 milliards d’euros d’investissements annoncés proviennent des Emirats arabes unis. La pétromonarchie va dépenser 50 milliards d’euros pour donner naissance à un « campus »axé sur l’intelligence artificielle. Il hébergera notamment un data centergéant, un centre de données d’une capacité de calcul pouvant aller jusqu’à un gigawatt.
Ce campus, dont la localisation sera dévoilée lors du prochain sommet Choose France en 2025, sera le plus grand d’Europe consacré à l’intelligence artificielle, vante la présidence française. Il sera développé par « un consortium de champions franco-émiratis », à commencer par le fonds d’investissement MGX, adossé aux Emirats arabes unis.
Vingt milliards d’euros en provenance d’un fonds canadien
Le fonds canadien Brookfield va investir 20 milliards d’euros en France d’ici 2030, selon l’Elysée. Les trois quarts de cette somme seront consacrés à de nouveaux centre de données, dont l’un à Cambrai (Nord), comme l’avait révélé La Tribune Dimanche.
. Ces data centers verront le jour par l’intermédiaire de la société Data4, dont le siège est à Paris.
Le dernier quart de l’enveloppe canadienne sera consacré à des« infrastructures associées », comme le transfert de données, des puces et de l’énergie, un enjeu crucial pour les centres de données, particulièrement énergivores.
Une vingtaine de milliards d’euros venus des Etats-Unis
Le géant américain Amazon entend investir 6 milliards d’euros pour créer des centres de données et développer l’« infrastructure cloud [d’informatique à distance] en France d’ici 2031″, rapporte l’Elysée. Le fonds Apollo prévoit, lui, « une première tranche » d’investissements à hauteur de 5 milliards de dollars (4,85 milliards d’euros) consacrés à de « nouveaux programmes énergétiques ».
Autre acteur venu des Etats-Unis, Digital Realty, déjà bien implanté en France, financera « 13 nouveaux sites » de data centers « à Marseille et en région parisienne », pour un total de 5 milliards d’euros (et peut-être 1 milliard supplémentaire « pour un autre data center à Paris »). S’y ajoutent 3,5 milliards d’euros de Prologis (un fonds d’investissement spécialisé dans la gestion de bâtiments logistiques) et 630 millions d’euros de la société Equinix (spécialisée dans les centres de données).
Des investissements britanniques, suédois et japonais
L’entreprise Fluidstack s’est engagée sur « un premier investissement de 10 milliards d’euros »pour « déployer en France le plus grand supercalculateur au monde pour l’IA », avec une capacité attendue d’un gigawatt, selon l’Elysée. Les Suédois d’Evroc, spécialistes du cloud, vont construire une usine avec un data center à Mougins (Alpes-Maritimes), un projet qui « pourrait attirer des investissements allant jusqu’à 4 milliards d’euros à pleine capacité », avance Paris. Un investissement de 400 millions d’euros du groupe japonais Telehouse, bien que connu depuis mai, est également cité dans le calcul effectué par l’Elysée.
Plusieurs milliards d’euros investis par des entreprises françaises
Sans dévoiler les montants en jeu, Emmanuel Macron a cité le nom de plusieurs entreprises françaises prêtes à investir dans l’intelligence artificielle en France, dont Iliad, Orange et Thales. La première, fondée par Xavier Niel, « porte son investissement à plus de 3 milliards d’euros » pour des data centers, mais aussi pour offrir aux abonnés Free Mobile la version pro de l’assistant Le Chat du Français Mistral AI, précise l’Elysée.
Cette dernière entreprise, en pointe dans ce secteur, va, elle, investir « plusieurs milliards d’euros dans un [site]qui sera installé en Essonne », a promis son PDG, Arthur Mensch, dans Le Parisien.
. Ce projet, baptisé Eclairion, se poursuivra avec « la mise en chantier d’un second » lieu à Bessé-sur-Braye (Sarthe). Enfin, l’entreprise Sesterce va dépenser 400 millions d’euros pour un centre de données dans la Drôme.
Avec AFP