L’Union africaine (UA) confirme qu’elle va lancer une agence de notation financière au deuxième semestre «afin de répondre aux préoccupations des pays africains face aux évaluations soi-disant arbitraires de l’oligopole mondial formé par Fitch Ratings, Moody’s et S&P Ratings (Standard & Poor’s), selon un rapport que vient de publier le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP). Encore une idée bidon et populiste qui ne changera rien à la perception du risque des pays africains
Plutôt que de s’en prendre au thermomètre, l’UA ferait mieux de s’attaquer aux causes de la fièvre.
Instrument de l’Union africaine chargé de la mise en œuvre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et de l’évaluation de la performance des Etats membres en matière de gouvernance, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) précise que cette agence de notation africaine «sera l’une des principales institutions financières qui va œuvrer à équilibrer la position du continent dans l’architecture financière mondiale.»
Le rapport souligne que les décideurs politiques africains et les chefs de file du secteur des services financiers ont convenu de faire de l’agence «une entité indépendante et pilotée par le secteur privé», dont le principal atout sera une «sensibilité au contexte, qui lui permettra de générer des informations plus complètes sur le profil de crédit en utilisant des experts compétents basés en Afrique et en bénéficiant d’un accès relativement meilleur aux données.»
Les méthodes d’évaluation des grandes agences ont coûté à l’Afrique 74 milliards de dollars
La création d’une agence de notation financière africaine avait été annoncée en septembre 2023 par l’UA, après plusieurs années de controverse sur les méthodes des «Big Three» (Moody’s, Fitch et S&P), accusés «d’évaluer avec un biais négatif» le risque de crédit des économies africaines et de pousser les taux d’emprunt à la hausse, au point parfois de leur fermer l’accès au marché.
Alors qu’il assurait la présidence tournante de l’UA, l’ex-président sénégalais Macky Sall avait par exemple appelé à la création d’une agence de notation financière africaine pour «mettre fin aux injustices» subies par les pays du continent.
Dans un rapport publié en avril 2023, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a cependant indiqué que les méthodes d’évaluation des grandes agences de notation ont coûté à l’Afrique des opportunités supplémentaires de financement d’une valeur de 74 milliards de dollars.
Selon le PNUD, les approches de notation de Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch « ne sont pas toujours appropriées », car elles reposent très souvent sur des algorithmes préparés pour une certaine approche de la macroéconomie et ne prennent pas en compte les réalités plus concrètes et spécifiques.