48 heures seulement après les déclarations percutantes de l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi, accusant l’Inspection Générale des Finances (IGF) et son chef Jules Alingete de dérives institutionnelles et de conflits d’intérêt, la présidence congolaise annonce la mise en retraite anticipée de ce dernier. Coïncidence troublante ou sanction politique déguisée ?
«Lorsqu’un homme devient trop rigoureux dans un système corrompu, on ne le combat pas avec des preuves, on le met à la retraite.»
Cette phrase résume le climat de suspicion qui entoure le départ précipité de celui qui, malgré ses méthodes contestées, incarnait une certaine fermeté dans la gestion des finances publiques. Pourquoi une telle mise à l’écart alors que M. Alingete n’a même pas eu l’occasion de répondre aux accusations publiques ? Que cherche-t-on à cacher au peuple congolais ?
Règlement de comptes ou repositionnement stratégique ?
Les propos de Nicolas Kazadi laissent entendre que M. Alingete aurait consciemment œuvré à le déstabiliser dans l’ombre, avec pour objectif de briguer lui-même le ministère des Finances ou celui du Budget. Si cette ambition se confirme dans les mois à venir, la retraite anticipée prendrait alors des allures de recomposition masquée : une éviction pour mieux rebondir au cœur de l’appareil gouvernemental.
Mais cette éventualité soulève des questions sérieuses : peut-on véritablement lutter contre la corruption en récomposant les rapports de force internes plutôt qu’en assainissant les institutions ? La confiance des citoyens en dépend.
L’affaire Bukangalonzo : justice ou instrumentalisation ?
Dans ce contexte, l’affaire Bukangalonzo devient un cas test. Est-elle un exemple de bonne gouvernance ou un procès politique utilisé pour frapper certains, tout en protégeant d’autres ? Le peuple observe et attend des réponses claires dans un pays où l’impunité est encore la règle.
Et maintenant ?
Christophe Bitasimwa, successeur de M. Alingete, entre en fonction dans un environnement miné par le clientélisme, le favoritisme, et l’absence d’une culture réelle de reddition de comptes. Même les meilleures intentions se heurteront aux résistances d’un système où le bien commun est souvent sacrifié aux intérêts personnels.
Une constante inquiétante
Depuis trop longtemps, les voix qui dérangent sont soit marginalisées, soit recyclées selon les intérêts du moment. Le départ d’Alingete, aussi spectaculaire que silencieux, semble confirmer cette constante. Le peuple congolais mérite mieux que des jeux de pouvoir déguisés en politique publique.
Last but not least
La mise en retraite de Jules Alingete ne semble pas être un simple départ administratif. Elle traduit un malaise profond au sein de l’appareil d’État congolais, où les questions de vérité, de responsabilité et de réforme sont constamment étouffées. Le peuple, quant à lui, observe, frustré, le théâtre d’un pouvoir qui promet la transparence mais cultive l’opacité.
Willy Lukanga, Entrepreneur et observateur engagé de la gouvernance publique
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