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Dans un précédent article – Mécanisme bancaire de la création monétaire et la compensation : une solution d’étape pragmatique à la portée des économies africaines-, l’auteur a démontré comment, en attendant d’émettre leur monnaie à valeur internationale pour le commerce avec l’étranger, les Etats africains peuvent, en s’inspirant de la technique de préfinancement utilisée avec succès en RFA, à partir de 1933, à l’initiative du Dr. Hjalmar SCHACHT, économiste, Président de la Banque Centrale allemande et Ministre de l’Economie, créer eux-mêmes des «monnaies dédiées» au financement alternatif de leur économie et de leur développement.
Dans le présent article, l’auteur aborde les opportunités qu’offre à l’étape actuelle pour les Etats africains, l’initiative monétaire des BRICS et esquisse sommairement les stratégies qu’ils peuvent, en attendant leur adhésion aux BRICS, et en exploitant les ressources infinies de la compensation internationale (commerciale, industrielle ou financière), implémenter sans risque pour en tirer pleinement profit.

Ancien banquier – Expert en compensation
Déterminés dans leur «mission contre-hégémonique» à bousculer l’architecture monétaire mondiale basée sur les ruines des Accords de Bretton Woods, les BRICS mettent déjà en œuvre des systèmes de règlements à l’international en monnaies nationales ou locales et promettent pour très bientôt leur monnaie commune.
Dans le cadre de cette étape de leur initiative de «dé-dollarisation», les pays des BRICS ont déjà conclu partout avec des partenaires des accords commerciaux sans nécessité d’utiliser le dollar (ou l’euro) :
– L’Inde et la Russie ont signé des accords pétroliers en vertu desquels elles paient leurs dettes réciproques en roupies indiennes ou en roubles plutôt qu’en dollars ;
– Le Brésil et la Chine ont décidé de se passer du dollar et d’utiliser le yuan et le réal brésilien pour leurs échanges commerciaux ;
– L’inde a récemment autorisé dix-huit pays à effectuer les transactions en roupie indienne directement ;
– L’Iran (candidat aux BRICS) a récemment proposé aux Etats africains de créer une Banque commune avec des règlements en monnaie locale pour faciliter les échanges.
En réalité, les BRICS cherchent à travers cette initiative «vertueuse» et inclusive (qui réhabilite la compensation) à étendre leurs liens commerciaux et leurs investissements à l’Afrique qui possède les plus importantes réserves de ressources naturelles dans le monde.
Ces accords qui restent essentiellement bilatéraux et dont le principal inconvénient est le déséquilibre accru de la balance commerciale sont généralement assimilés à des opérations de troc (du fait de l’absence de transfert de devises).
Aujourd’hui, les entreprises africaines recherchent à travers certaines missions économiques des solutions pour accéder à certains marchés et bénéficier de certains avantages à l’international (développement de nouveaux partenariats, transfert de technologie, diminution des coûts d’installation, diminution des besoins en financement, acquisition de nouveaux débouchés, etc.)
De plus, il existe au niveau des Etats africains des problématiques spécifiques non résolues (santé, éducation, dette intérieure, industrialisation, retard technologique, accès aux services de base, chômage, développement local, transports, énergie, fracture numérique, agriculture, etc.) susceptibles de constituer des sources accrues de transactions dans le cadre de la proposition monétaire des BRICS entre les entreprises africaines et celles des pays BRICS.
Les Etats africains peuvent mettre en œuvre deux stratégies pour tirer profit cette opportunité offerte par les BRICS d’accepter à l’international des règlements en monnaies locales : une stratégie à l’initiative du secteur privé, une stratégie à l’initiative de l’Etat dans le cadre d’une architecture parallèle à créer.

La première stratégie, à l’initiative du secteur privé consiste à implémenter et à animer (dans le cadre d’un Groupement d’intérêt Economique- GIE) des plateformes de compensation internationale, permettant aux entreprises africaines et à celles des BRICS de réaliser ponctuellement entre elles des transactions légales d’importation et d’exportation réglées sur place en «monnaie du pays des BRICS concerné» et en «monnaie nationale» (côté entreprises africaines).
Ce modèle fonctionnerait suivant principe suivant :
1 – Dans le cadre d’un partenariat de coopération économique, un Groupement patronal d’un pays des BRICS et celui d’un Etat africain créent (au sein d’un Groupement d’Intérêt Economique) une plateforme de compensation internationale regroupant leurs entreprises membres intéressées ;
2 – Le dispositif est ensuite mis en place après accord des parties prenantes sur certaines modalités (taux de change, «unité de compte» à utiliser, mode de règlement des dettes et créances commerciales, garanties des soldes «débiteurs» des compensations, etc.), et expression des offres et demandes en produits ou compétences ;
3 – Chaque opération d’importation est adossée à une opération d’exportation simultanée (ou non)…;
4 – Le Groupement d’Intérêt Economique fonctionnant à la fois comme un «entrepôt virtuel», une Agence de Courtage et une «Chambre de Compensation » se charge (en liaison avec une Banque partenaire) de collecter (de part et d’autre) auprès des importateurs dans des «comptes de garantie», les règlements des importations, et de «régler» sur place, en «monnaie du pays des BRICS concerné» les exportateurs étrangers et en «monnaie nationale ou locale» les exportateurs africains ;
5 – Un mécanisme d’autorégulation des échanges limitent les risques de déséquilibre des balances commerciales, et périodiquement les «positions» sont arrêtées et les «soldes» liquidés conformément aux modalités et aux arrangements convenus et acceptés par tous.
La mise en œuvre d’une telle plateforme de compensation internationale dans le cas d’une coopération BRICS-CAMEROUN par exemple, rendrait possible de nombreuses transactions indirectes d’importations et d’exportations limitant le transfert des devises :
– Des PME agricoles camerounaises exportent des produits agricoles vers des PME en INDE et reçoivent sur place le règlement en FCFA via des PME locales importatrices de produits manufacturés ou des biens d’équipement indiens ;
– Un exportateur brésilien vend une scierie à une PME camerounaise et s’engage à acheter en retour le bois débité produit par l’équipement qu’il a vendu ;
– Une Entreprise camerounaise et une Entreprise russe négocient dans le cadre d’une compensation industrielle, la création d’une usine de montages de machines et s’engagent à commercialiser la production au niveau de la sous-région ;
– Une Entreprise chinoise de textile expédie des machines-outils à une PMI camerounaise de confection industrielle et reçoit sur place le règlement en «yuan chinois» via un importateur chinois des produits artisanaux camerounais ;
– Des entreprises agro-alimentaires camerounaises cèdent à un acquéreur sud-africain du soja qui est réglé localement en FCFA par un importateur de produits manufacturés sud-africains ;
– Une Entreprise indienne livre du mobilier médical à divers Etablissements hospitaliers camerounais, en échange d’une créance de l’Etat camerounais qu’elle «recouvre» sous forme de billes de bois auprès d’un exportateur de bois lui-même «contribuable redevable» vis-à-vis de l’Etat Camerounais.
La deuxième stratégie, à l’initiative de l’Etat consisterait à émettre une «monnaie binaire» qui serait dédiée au financement des programmes d’import-substitution.
La «monnaie binaire» encore appelée «monnaie complémentaire» désigne des dispositifs d’échange, des outils de paiement, organisés autour d’une unité de compte spécifique, permettant d’échanger des biens et des services et utilisés en complément du système monétaire officiel du pays en question.
Cet autre modèle alternatif fonctionnerait (en attendant la création de la monnaie des BRICS) selon le principe suivant :
1 – Dans le cadre d’un partenariat stratégique bilatéral (pour la promotion de l’industrialisation par substitution aux importations) avec un pays des BRICS, un Etat africain met en œuvre des programmes d’import-substitution à l’intention des «entreprises citoyennes» rigoureusement sélectionnées et regroupées dans un écosystème étanche à créer ;
2 – En fonction des objectifs, l’Etat émet directement ou indirectement (en s’inspirant du mécanisme bancaire de la création monétaire) une «monnaie binaire» (hors comptabilité nationale) qui est allouée au financement alternatif desdits programmes ;
3 – Les «entreprises citoyennes» sélectionnées (importateurs, exportateurs, fournisseurs, prestataires, acteurs des chaînes de valeur «import-export» – y compris l’Etat) utilisent la monnaie binaire émise dans le cadre d’un système de «paiements compensés» (de compte à compte) comme moyen de paiement…;
4 – Un Organisme spécialisé (créé ad hoc) fonctionnant à la fois comme un «entrepôt virtuel», une «plateforme numérique d’échange marchandises» et une «Chambre de Compensation», se charge de faciliter, de comptabiliser, de gérer (dans un circuit étanche) les transactions réalisées par les acteurs ;
5 – A l’issue des «Programme», les comptes sont clôturés, et lors du processus de compensation, une fraction des «recettes en numéraires» générées par les importations est rendue disponible pour liquider les soldes…
Les résultats et les avantages sur les plans économique, financier, commercial, monétaire, social, etc., d’une telle initiative constructive ne sont plus à démontrer : accès à des nouveaux marchés et nouvelles opportunités d’investissements dans divers domaines (commerce, technologie, énergie, infrastructures, etc.), accélération de l’industrialisation, rattrapage du retard technologique, promotion de l’intégration économique, émancipation de la dépendance de l’exportation des matières premières, croissance économique, amélioration du bien-être des populations, sécurité alimentaire, limitation de la dépendance vis-à-vis des partenaires traditionnels, etc.
En ce moment les BRICS déploient des trésors d’imagination pour créer un système économique plus diversifié et plus inclusif et ouvrent ainsi à certains Etats africains des « boulevards monétaires » tout en leur offrant aussi des bases nouvelles uniques de réflexion pour leur émancipation économique et monétaire.
L’Afrique a toujours été marginalisée dans le système économique mondial, incapable de rivaliser sur un pied d’égalité avec les autres économies, confinée dans un rôle de pourvoyeuse de matières premières.
Sans être naïfs, les Africains devraient saisir l’occasion pour s’organiser à divers échelons et renforcer leurs capacités afin négocier collectivement de véritables coopérations et des partenariats (véritablement gagnant-gagnant) tout en évitant que leur inclusion dans les BRICS ne reproduise les dérives, les contradictions et les inégalités du système économique mondial actuel.
Faute pour l’Afrique de sortir des sentiers battus, et de certaines limites dans lesquelles elle s’est enfermée (lois, textes, accords, conventions, engagements, etc.) et d’envisager d’implémenter avec audace les solutions alternatives proposées par les BRICS, (en « dupliquant » au besoin l’architecture monétaire en usage), il est à craindre que l’on ait à déplorer pendant longtemps encore le paradoxe d’un continent très convoité, incapable de mobiliser ses immenses gisements de ressources pour se développer, et condamné à utiliser continuellement le prétexte des contraintes extérieures, pour justifier son inertie, son sous-développement et son retard technologique.
Bio-express
Jean-Pierre Mfomy est diplômé de l’ITB Paris (Institut des techniques bancaires). Il cumule trente années d’expérience professionnelle en banque et en microfinance. Passionné des questions monétaires et de la compensation, il a étudié les différents modèles d’innovations monétaires dans le monde. Il a finalement mis au point une ingénierie monétaire et économique combinant le troc, la compensation et les techniques bancaires. Actuellement, il travaille à la mise sur pied du Cabinet panafricain d’expertise en compensation qui entend promouvoir à l’échelon national une solution alternative innovante (adaptée à l’Afrique), consistant à transposer le mécanisme bancaire de la création monétaire et la compensation au financement alternatif de l’économie et du développement.