La Côte d’Ivoire et le Ghana ont réaffirmé leur engagement à apporter une assistance aux pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) pour les aider à faire face aux défis humanitaires et sécuritaires. Cette annonce a été faite mercredi à Abidjan par le président ivoirien Alassane Ouattara, lors d’un point de presse conjoint avec son homologue ghanéen, John Dramani Mahama, en visite de travail en Côte d’Ivoire
« Nous avons longuement évoqué la situation sécuritaire dans notre sous-région, qui demeure très préoccupante, ainsi que la situation sociopolitique dans certains pays du Sahel. Nous avons noté la nécessité d’apporter une assistance à ces pays frères », a déclaré Alassane Ouattara.
Son homologue ghanéen a confirmé cette volonté de soutien, tout en soulignant l’importance d’une approche concertée : «nous allons essayer de traiter ce problème avec la meilleure des méthodes.»
L’Alliance des États du Sahel et la rupture avec la CEDEAO
L’AES a été créée le 16 septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, dirigés par des régimes militaires. Cette alliance est née d’un conflit avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), jugée instrumentalisée par des puissances étrangères. Son objectif est d’instaurer une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle.
Cette initiative a pris forme après la menace d’une intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir le président nigérien déchu, Mohamed Bazoum. En janvier 2024, les trois pays ont annoncé leur départ de l’organisation régionale, une décision officialisée le 28 janvier avec une période transitoire de six mois.
Un appel à la réintégration des pays de l’AES dans la CEDEAO
Face à cette rupture, le président Alassane Ouattara a sollicité John Dramani Mahama pour convaincre les dirigeants de l’AES de revenir au sein de la CEDEAO.
«Nous vous faisons confiance pour qu’à l’occasion de vos entretiens avec ces pays frères, vous puissiez les convaincre de rester dans la CEDEAO, car il y va de l’avenir des peuples de l’Afrique de l’Ouest », a-t-il insisté.
Le président ghanéen a exprimé son optimisme quant à une possible réintégration des pays concernés, soulignant qu’« il est préférable de rester dans un groupe de quinze que dans un groupe de trois.» Il a également mis en avant les liens économiques et humains qui unissent ces nations à la région.
« Nous sommes mieux à quinze qu’à trois. Je souhaite que l’appel du président Mahama soit entendu par les présidents de ces pays », a ajouté Alassane Ouattara.
Une coopération renforcée entre la Côte d’Ivoire et le Ghana
Outre la question de l’AES, les deux chefs d’État ont abordé plusieurs sujets d’intérêt commun, notamment la défense, la sécurité et l’économie du cacao. Ensemble, leurs pays représentent 60 % de la production mondiale de cette ressource stratégique.
Ils ont également discuté des secteurs des mines, de l’énergie et des grands projets régionaux, tels que le corridor Abidjan-Lagos et la future monnaie commune, l’Eco.
Dans le cadre de leur coopération bilatérale, ils ont réaffirmé leur volonté de renforcer l’initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana et de lutter contre l’orpaillage illégal, ainsi que la pollution des cours d’eau traversant leurs territoires.
Enfin, les deux dirigeants ont mis l’accent sur la nécessité d’intensifier la coopération en matière de sécurité et de défense, afin de garantir la stabilité en Afrique de l’Ouest et de lutter contre des menaces telles que le terrorisme, la piraterie maritime et le réchauffement climatique.
Ce partenariat stratégique entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, consolidé par un accord signé en 2017 à Accra, constitue un levier essentiel pour relever les défis régionaux et promouvoir une intégration plus forte en Afrique de l’Ouest.