Dans un contexte géopolitique complexe marqué par la guerre contre les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, la République Démocratique du Congo (RDC), riche en ressources naturelles stratégiques telles que le cobalt et le lithium, a proposé aux États-Unis un partenariat inédit. Ce dernier consisterait en un accès privilégié aux minerais en échange de garanties sécuritaires pour stabiliser la région. Une initiative formulée par le président Félix Tshisekedi et soutenue par des acteurs politiques congolais, qui pourrait redéfinir les dynamiques économiques et sécuritaires en Afrique centrale
Acculée dans la guerre contre les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), soutenus, selon des rapports d’agences onusiennes, par le Rwanda, la République Démocratique du Congo (RDC), riche en cobalt, lithium et autres minerais rares essentiels aux technologies avancées, a proposé aux États-Unis un accès privilégié à ses ressources naturelles en échange de garanties sécuritaires et de stabilité régionale. Cette proposition, formulée pour la première fois par le président congolais Félix Tshisekedi dans une interview au New York Times le 22 février, a été réitérée début mars par des sources proches de la présidence et du ministère des Mines.
Un accord minier similaire à celui envisagé avec l’Ukraine
L’idée d’un tel accord minier, similaire à celui discuté entre l’Ukraine et les États-Unis, repose sur l’idée d’un soutien sécuritaire de Washington en contrepartie d’un accès aux ressources minières stratégiques. Selon les observateurs, l’appui des États-Unis pourrait dissuader la poursuite de l’offensive des rebelles du M23, qui contrôlent des territoires importants dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, notamment les villes stratégiques de Goma et Bukavu.
Diversification de l’industrie minière congolaise
Un partenariat avec Washington offrirait également à la RDC l’opportunité de diversifier son industrie minière, largement dominée par des entreprises chinoises, qui contrôlent environ 70% des opérations dans le secteur du cuivre et du cobalt en RDC. Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a souvent souligné cette volonté de diversifier les partenariats dans ce secteur stratégique.
Une position géographique clé pour les ressources stratégiques
La RDC, deuxième pays le plus vaste d’Afrique après l’Algérie, détient entre 60 et 80 % des réserves mondiales de coltan et reste le premier producteur mondial de cobalt, avec 70 % des ressources mondiales. Elle est également un producteur important de lithium, de tantale et d’uranium. Dans un contexte de compétition croissante avec la Chine pour l’accès aux ressources stratégiques, les États-Unis cherchent à assurer leur approvisionnement en métaux rares.
Proposition de partenariat : au-delà de l’accès aux minerais
Le 21 février, un lobbyiste nommé Aaron Poynton, représentant du sénateur congolais Pierre Kanda Kalambayi, a écrit aux responsables américains, dont le sénateur Marco Rubio, proposant un investissement américain dans les minerais critiques de la RDC en échange d’une aide pour renforcer la stabilité régionale. Le lobbyiste a suggéré que, en plus de l’accès aux mines, les entreprises américaines bénéficient d’un contrôle opérationnel et de « droits exclusifs d’extraction et d’exportation » des ressources.
Un projet de port et un stock stratégique de minéraux
Le projet proposé par Kinshasa inclut également la participation à la construction d’un port en eau profonde sur la côte atlantique et la mise en place d’un stock stratégique commun de minéraux. En contrepartie, Washington fournirait une formation et du matériel aux forces armées congolaises et une assistance directe en matière de sécurité.
Réactions américaines et soutien sécuritaire
Début mars, un porte-parole du département d’État américain a déclaré à Reuters que les États-Unis étaient ouverts à la discussion sur de tels partenariats, à condition qu’ils soient alignés sur la politique « America First » de l’administration Trump, et qu’ils visent à développer les ressources minières de manière responsable et transparente. Le président congolais Félix Tshisekedi a réaffirmé son intention de négocier cet accord minier avec Washington lors d’une interview sur Fox News le 20 mars.
Accusations contre le Rwanda et tentatives de résolution du conflit
Par ailleurs, la RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23 afin d’accéder aux richesses minières de l’Est du pays. Ces accusations sont soutenues par des rapports d’agences onusiennes, mais Kigali les réfute, affirmant que le M23 est un mouvement congolais. Plusieurs initiatives régionales ont tenté de résoudre ce conflit sans succès. La dernière tentative, organisée par l’Angola, devait réunir les autorités congolaises et des représentants rebelles le 18 mars, mais a échoué en raison du désistement de la rébellion. Cependant, une rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame a eu lieu à Doha sous l’égide du Qatar, où les deux leaders ont réaffirmé leur engagement pour un cessez-le-feu immédiat dans l’Est de la RDC.