- Salon international de l’agriculture du Maroc : Un rendez-vous devenu incontournable
- Fertilisants, OCP, une croyance en l’Afrique
- Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre des Ressources Animales et halieutiques
- Sébastien Couasnet, Directeur général d’Eléphant Vert Maroc S.A. : « A l’horizon 2015, nous projetons d’être présents dans sept pays africains »
- Crédit Agricole du Maroc (CAM) : Rentable tout en assurant le service public
- Jean-Paul Bachy, Président de la Région Champagne Ardenne : « L’échange nous est mutuellement profitable »
- Auto-Hall, une percée remarquable sur le marché des matériels agricoles
- Pour sa 9ème édition, le Siam a attiré plus de participants africains, en plus des chefs d’Etat de la Guinée et du Mali
- Le Siam est devenu incontournable, non seulement au Maroc où le secteur représente 14% du PIB, mais aussi en Afrique
- Les experts se sont penchés sur les difficultés liées au financement de l’agriculture sur le continent
Le Salon international de l’agriculture du Maroc, plus connu sous son acronyme Siam est en train de gagner ses galons à l’instar de ses grands devanciers européens, américains ou chinois. En Afrique, il est devenu une référence car visité de plus en plus par des personnalités de premier plan. Comme en témoigne sa 9ème édition qui a eu lieu du 24 avril au 3 mai 2014 sous le thème « Produits du Terroir » et qui a accueilli les présidents guinéen et malien, respectivement Alpha Condé et Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Il faut rappeler que le président Ali Bongo Ondimba avait pris part à l’édition 2013.
Les deux chefs d’Etats guinéen et malien n’ont pas tari d’éloges sur les efforts déployés par le Maroc pour devenir un pays doté d’une agriculture moderne et productiviste de premier plan en Afrique. L’agriculture marocaine représente 14% du PIB et emploie 40% de la population active totale, elle représente le pilier de l’économie du royaume. Cette position prépondérante et stratégique est renforcée par le « Plan Maroc vert », programme national de développement agricole, attestant de la volonté de placer l’agriculture au centre des priorités du pays ; la modernisation du secteur est l’un des objectifs majeurs des autorités publiques. Ces performances agricoles marocaines sont certainement les raisons pour lesquelles des pays comme le Mali, la Guinée ou le Gabon, ont activement participé à cette édition en dépêchant des dizaines de professionnels : agriculteurs, éleveurs, commerçants, techniciens agricoles et d’élevage …
Le Gabon avec dix sociétés occupant un stand d’une superficie de 200m2 était le pays africain le plus représenté, suivi du Mali avec neuf entreprises. Ce qui fait dire à un représentant du stand allemand que le Siam doit voir encore plus grand en Afrique dans les prochaines années en élargissant son rayon d’action vers les opérateurs d’autres parties du continent telles que ceux de l’Afrique australe et orientale que les traditionnelles Afriques de l’Ouest et Centrale.
Le Siam de Meknès s’est désormais imposé comme le salon leader de l’agriculture en Afrique. Si l’édition 2013 avait recensé 920 exposants, ils sont cette année au nombre de 1200. « Le Mali est au rendez-vous de cette 9ème édition afin de permettre à ses entreprises de valoriser leur savoir-faire et détecter les opportunités commerciales », déclare un représentant du stand malien. Avec 17ha de superficie, le Siam 2014 a considérablement augmenté sa capacité d’accueil par rapport aux éditions passées. Celle de 2013 était de 10ha. Et ce sont quelque 1 million de visiteurs qui ont sillonné le Siam2014. Le nombre de pays représentés est passé de 42 l’année dernière à 53. Une montée en grade qui a amené Jawad Chami, commissaire général du salon à déclarer : «le succès grandissant du SIAM est une fierté. Ce succès est un vrai défi, car mieux nous réussissons, mieux nous devons faire à l’avenir. Les enjeux sont désormais trop importants pour se laisser aller à une autosatisfaction et de sombrer dans le piège de la routine et de la banalisation. Il est impératif d’innover pour que le Siam 2014 ne soit pas un simple clone de celui de 2013, pourtant année de tous les records ! Il est facile de convaincre des retombées positives tant sur le plan local que régional, national et international».
L’UE dont l’agriculture est l’invité d’honneur de cette 9ème édition était massivement représentée par ses grands pays agricoles comme la France, l’Espagne, l’Allemagne ou la Roumanie. Pays qui ont une longue tradition agricole et où les outils de financement et de subventions ont permis à leurs agriculteurs de se développer en dépit de la concurrence internationale.
Financement de l’agriculture en Afrique
Allocution du président malien, IBK, au SIAM 2014« Le Financement de l’agriculture en Afrique », forum organisé par le Crédit Agricole du Maroc et notre confrère « Les Afriques » est sans aucun doute le moment phare de cette 9ème édition. D’éminentes personnalités ont pris part à cette rencontre comme le ministre marocain de l’Agriculture Aziz Akhannouch, le P-DG du Crédit Agricole du Maroc, Tariq Sijilmassi, le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques, Kobenan Kouassi Adjoumani, le président du Consortium panafricain de l’agrobusiness et de l’agro-industrie (Panaac), Moussa Seck. Ce forum a été l’occasion de mettre en place une plateforme d’échange et de partage d’expertises entre les différents pays d’Afrique.
Les différents acteurs de l’agriculture africaine ont également profité de cette occasion pour nouer des partenariats et discuter des différentes contraintes et problématiques liées aux financements bancaires et à l’accès aux crédits. « En matière de subventions, l’Afrique suit le même modèle que ce qui se passe ailleurs comme aux Etats-Unis. Si ce modèle est certes nécessaire pour le développement de l’agriculture africaine, il n’est pas suffisant. Le rôle des banques et des institutions financières internationales est déterminant dans le relèvement de l’agriculture du continent africain », a souligné Tariq Sijilmassi, P-DG du Crédit Agricole du Maroc. Pour Moussa Seck, président de Panaac, l’Afrique a intérêt à tirer son agriculture vers le haut si elle veut mettre fin aux crises alimentaires et aux famines récurrentes. Pour ce faire, le continent qui produit moins de 500 millions de tonnes de céréales par an pour 1 milliard d’habitants a intérêt à changer de menu, donc de modèle. « Au niveau mondial, notamment en Afrique, il est urgent de changer de menu. Les céréales qui constituent encore 40% de la production alimentaire mondiale doivent diminuer significativement au profit des fruits et légumes d’ici 2050. A cette date, la population mondiale va doubler pour atteindre 14 milliards d’habitants et les céréales ne pourront plus nourrir le monde », interpelle Moussa Seck. A titre indicatif, les céréales constituent 40% de la production agricole mondiale alors que les fruits et légumes sont à peine 15%. Donc, il va falloir augmenter significativement ce ratio.
Sur un autre registre, il a montré que le financement de l’irrigation des terres cultivables en Afrique est essentiel dans une révolution verte de ce continent qui possède 3 milliards d’ha de superficie totale dont seulement 200 millions d’ha cultivées (Voir Tableau et comparatif Afrique reste du Monde). Et sur cette superficie, seules 13 millions d’ha sont irriguées alors que l’Afrique a la possibilité d’arroser 100 millions d’ha. « Le secteur privé en Afrique qui contrôle 60% des richesses peut renverser la tendance s’il décide d’investir dans la technologie et les agropoles », conclut Moussa Seck.