La demande mondiale de batteries électriques a enregistré une progression spectaculaire de plus de 40 % atteignant 850 GWh en 2023, portée par la production des véhicules électriques, notamment en Chine. Selon l’AIE (Agence internationale de l’Energie), cette dynamique devrait se poursuivre, la demande devant quadrupler d’ici 2030, voire multiplier par 7 d’ici 2035 ! Producteur de principaux minerais stratégiques, servant d’intrants aux batteries destinées aux véhicules électriques, le continent africain peut décrocher un jackpot à condition de ne pas tomber dans les erreurs qui avaient conduit à la «malédiction du pétrole.»
Les prévisions de l’AIE sur le marché mondial des batteries électriques ouvrent un boulevard pour les minerais comme le lithium, le cobalt et le graphite. Ces minéraux jouent un rôle clé dans la fabrication des batteries et sont largement présents sur le continent africain. Si pour le moment, leurs cours traversent une zone de turbulence, ils devraient se redresser rapidement selon les experts. Par exemple, le prix du cobalt a baissé de moitié en deux ans, dans un contexte d’offre excédentaire. Selon le Cobalt Institute, 2025 sera également marquée par la surproduction, ce qui pourrait maintenir les prix à leurs niveaux actuels. A Londres, la tonne de cobalt s’échangeait à 24.300 dollars le 3 janvier.
Le marché du lithium est également dans la tourmente : le prix de l’hydroxyde de lithium a plongé de 90 % depuis fin 2022. Pour leur part, les prix du spodumène de lithium ont décroché de plus de 84 % entre mars 2023 et mars 2024. Par ailleurs, les cours du graphite sont passés de 530 à 575 dollars la tonne en 2023, avant de tomber à 450 dollars la tonne.
Des investissements colossaux attendus
La baisse actuelle des prix de ces minéraux critiques représente un véritable défi pour les économies africaines. De nombreux pays du continent, notamment la République démocratique du Congo pour le cobalt (70 % de la production mondiale), le Zimbabwe et le Mali (producteurs de lithium), ainsi que le Mozambique et Madagascar (acteurs importants du marché du graphite), ont misé sur l’exploitation de ces ressources pour dynamiser leur croissance économique.
Lors du précédent boom des véhicules électriques, qui avait entraîné une flambée des cours mondiaux de métaux critiques, les pays africains n’étaient pas suffisamment préparés et ont été largement devancés par la concurrence, notamment chinoise, qui a inondé les marchés. Et tant pis pour les dégâts sur ceux que Pékin présente comme ses «amis stratégiques.»
Pour ne pas louper la fenêtre d’opportunité offerte par la transition énergétique mondiale, les producteurs africains de minerais critiques devront changer de braquet en relevant plusieurs défis majeurs, dont ceux de la réglementation, l’insuffisance des infrastructures, le climat des affaires, ou encore la main-d’œuvre et les compétences.
Future Minerals Forum estime que 5 400 milliards de dollars d’investissements seront nécessaires dans les minéraux critiques d’ici 2035 pour soutenir la transition énergétique mondiale. Le cabinet présente le continent africain comme une «alternative crédible à la domination de la Chine dans le raffinage et la transformation des minéraux critiques», du fait de ses ressources abondantes et sa proximité politique et économique avec les marchés européens et asiatiques.