- DOSSIER | APG World Connect : Le transport aérien est-il dirigé par l’économie ou par la politique ?
- “Le transport aérien veut vivre en étant libre des contraintes étatiques”
- Entretien – Marc Rochet PDG d’Aerogestion
- Entretien : Abdou Jaidi Président & CEO APG Maroc
- Entretien : Sandrine De Saint-Sauveur Présidente & CEO APG
- Entretien – Montserrat Barriga Andrés Directrice générale de l’Association ERA-European Regions Airline
Annulée en 2021 pour cause de crise sanitaire alors qu’elle devait se tenir à Malte, la conférence s’était tenue l’année dernière à Monaco. Cette année, le congrès APG World Connect revient à Malte pour sa 15e édition. Ce congrès mondial réunira du 23 au 25 octobre 2024 500 hauts représentants du secteur aérien dont les dirigeants de 60 compagnies aériennes mondiales et s’articulera autour du thème : «Le transport aérien est-il dirigé par l’économie ou par la politique ?»
Ce ne sont pas moins de 500 participants venus du monde entier mais aussi des régulateurs et des distributeurs, qui prendront part à la 15éme édition du World Connect by APG. Avec pour thème central « Le transport aérien est-il dirigé par l’économie ou par la politique? » Le programme d’APG World Connect 2024 est une occasion pour les opérateurs du secteur de débattre autour de cette question qui articulera tous les débats qui se tiendront à Malte, du 23 au 25 octobre, à l’occasion de cette 15éme Congrès World Connect organisé par APG.
La manifestation réunira cette année, à l’hôtel Westin Dragonara, les dirigeants de 60 compagnies aériennes mondiales. «C’est avec un grand plaisir que nous serons de retour à Malte au Westin Dragonara. Nous sommes certains d’assurer un accueil de grande qualité à tous nos participants» annonce Jean-Louis Baroux, Président du World Connect 2024, dans un communiqué.
L’intelligence artificielle à la traduction
Et d’ajouter pour planter le décor : «Une grande première cette année ; nous ferons appel à l’intelligence artificielle pour assurer à tous nos participants une traduction simultanée en plusieurs langues grâce à la société INTERPREFY spécialisée dans ce domaine. Nous proposerons comme chaque année un concert de piano classique par le lauréat du prix Cortot 2024 Ryan WANG, suivi par le traditionnel dîner de Gala qui sera dressé exclusivement pour nous dans l’enceinte historique de la vieille citadelle qui surplombe le port de La Valette.» Cette édition accueillera une vingtaine de prestigieux intervenants venus de différents pays, tous experts internationaux dans leur domaine. Ils s’efforceront de répondre à cette importante question. Ils sont annoncés: Steven F. Udvar-Hazy Executive Chairman Air Lease Corporation, Adel Ali CEO Air Arabia, Christine Ourmieres-Widener CEO Air Caraïbes & French Bee, Bertrand Piccard Founder Solar Impulse et bien d’autres.
Nul doute ce beau monde va explorer la relation étroite entre l’économie et la politique dans l’industrie aérienne, en analysant les forces qui influencent sa croissance, sa régulation, et sa résilience aux crises.
Il faut dire que la thématique principale : «le transport aérien est-il dirigé par l’économie ou par la politique ?» met en lumière un secteur où ces deux forces interagissent de manière complexe et parfois contradictoire.
Le transport aérien, moteur économique mondial
Le secteur du transport aérien représente un maillon essentiel de l’économie mondiale. Selon l’Association du transport aérien international (IATA), l’industrie aérienne contribue à plus de 2 700 milliards de dollars au PIB mondial, soit environ 3,6%. De plus, ce secteur emploie directement plus de 10 millions de personnes et soutient indirectement des millions d’autres emplois, notamment dans le tourisme, le commerce international, et la logistique.
L’expansion rapide du secteur aérien au cours des dernières décennies est principalement due à la libéralisation des marchés, à l’ouverture des routes internationales et à la croissance exponentielle du tourisme mondial. Les accords de ciel ouvert entre différents pays ont joué un rôle clé en facilitant cette croissance, permettant aux compagnies aériennes de proposer plus de vols à des prix plus bas. Cela a stimulé la demande des consommateurs et ouvert de nouveaux marchés pour les entreprises.
La logique de marché et la compétitivité
Dans un marché globalisé, la compétitivité des compagnies aériennes est principalement dictée par des facteurs économiques. La concurrence entre les compagnies est féroce, notamment avec l’émergence de transporteurs à bas prix comme Ryanair, EasyJet ou Southwest ou encore Air Arabia, qui ont bouleversé le marché en proposant des tarifs attractifs en contrepartie de services simplifiés. La logique de marché pousse les compagnies à innover pour réduire leurs coûts, améliorer leur efficacité et offrir une meilleure expérience client.
Cependant, ces innovations et ajustements économiques sont souvent en lien avec des forces extérieures, notamment la fluctuation des prix du carburant, qui représente une part significative des coûts d’exploitation d’une compagnie aérienne. Une hausse soudaine des prix du pétrole peut entraîner une augmentation des tarifs aériens ou une réduction de la fréquence des vols. De plus, les cycles économiques influencent directement la demande de voyages aériens: en période de récession, les voyages d’affaires et de loisirs diminuent, affectant négativement les compagnies aériennes.
L’intervention politique : régulation et souveraineté nationale
Si l’économie dicte une grande partie des règles du jeu, la politique n’est jamais bien loin. L’industrie aérienne est l’une des plus régulées au monde, et ce pour des raisons de sécurité, d’environnement, et de souveraineté nationale. Les gouvernements, à travers des organismes comme l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), imposent des normes strictes pour assurer la sécurité des vols, des infrastructures aéroportuaires et des passagers. Ces réglementations sont essentielles pour maintenir la confiance du public dans un mode de transport souvent perçu comme risqué.
La souveraineté nationale et la politique de soutien
Dans de nombreux pays, les compagnies aériennes nationales sont considérées comme des symboles de fierté nationale et des outils de projection de puissance sur la scène internationale. C’est particulièrement vrai pour des compagnies comme Air France, Lufthansa, ou Emirates. Même dans un monde de plus en plus libéralisé, les gouvernements continuent d’accorder des subventions ou des aides financières à leurs compagnies aériennes nationales, non seulement pour des raisons économiques, mais aussi pour des raisons politiques.
Les subventions publiques permettent aux compagnies aériennes de faire face aux crises économiques ou aux crises sanitaires, comme cela a été le cas lors de la pandémie de Covid-19. Le secteur aérien a été l’un des plus durement touchés par la crise, avec une chute brutale du nombre de passagers et des milliers d’avions cloués au sol. Pour éviter des faillites massives, de nombreux gouvernements ont injecté des milliards de dollars dans leurs compagnies aériennes nationales pour assurer leur survie. Ces interventions, bien que justifiées économiquement, sont également le reflet d’un soutien politique à des entreprises perçues comme vitales pour la souveraineté et l’indépendance nationale.
Les accords bilatéraux et les intérêts géopolitiques
La politique aérienne ne se limite pas aux subventions internes. Elle s’étend également à la sphère internationale, où les gouvernements négocient des accords bilatéraux pour ouvrir ou restreindre l’accès à leur espace aérien. Ces négociations sont souvent motivées par des considérations géopolitiques autant que par des raisons économiques. Par exemple, les compagnies aériennes du Golfe, comme Emirates ou Qatar Airways, ont connu une expansion spectaculaire au cours des dernières années, au point de dominer de nombreuses routes internationales. Cette expansion a suscité des tensions avec les compagnies aériennes occidentales, qui accusent ces transporteurs d’être subventionnés par leurs gouvernements et de pratiquer une concurrence déloyale.
Les accords bilatéraux et les régulations du trafic aérien sont donc souvent utilisés comme des instruments de politique étrangère. Les États peuvent accorder ou refuser des droits de trafic aérien pour favoriser des alliances stratégiques ou punir des régimes politiques adverses. Par exemple, lors des tensions géopolitiques entre les États-Unis et certains pays du Moyen-Orient, des restrictions ont été imposées sur les vols directs entre ces régions, impactant à la fois les compagnies aériennes et l’économie locale.
L’environnement, un nouveau terrain de lutte entre économie et politique
L’une des questions les plus pressantes pour l’avenir de l’industrie aérienne est celle de l’impact environnemental. Alors que l’aviation représente environ 2,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, cette part pourrait augmenter à mesure que d’autres secteurs réussissent à réduire leurs émissions. La croissance continue du transport aérien entre en contradiction avec les objectifs climatiques de nombreux pays, qui se sont engagés à réduire leurs émissions dans le cadre de l’Accord de Paris.
Les taxes environnementales et les régulations climatiques
Les gouvernements sont de plus en plus sous pression pour mettre en place des mesures visant à réduire l’empreinte carbone de l’aviation. Cela passe notamment par des taxes environnementales sur les billets d’avion ou sur le kérosène, des restrictions sur les vols courts, ou encore des incitations à utiliser des avions plus économes en carburant. En Europe, l’Union européenne a mis en place un système de quotas d’émissions de carbone, qui oblige les compagnies aériennes à acheter des crédits pour compenser leurs émissions. Ces politiques environnementales, bien qu’essentielles pour lutter contre le changement climatique, imposent de nouveaux défis économiques aux compagnies aériennes, déjà confrontées à des marges de profit très faibles. Certaines compagnies investissent dans des solutions innovantes, comme les biocarburants ou les avions à propulsion électrique, mais ces technologies ne sont pas encore suffisamment matures pour représenter une solution à court terme.
Les investissements dans la durabilité
En réponse aux pressions politiques et aux attentes des consommateurs, de plus en plus de compagnies aériennes adoptent des initiatives durables pour réduire leur empreinte écologique. Certaines investissent dans la modernisation de leur flotte avec des avions plus légers et plus économes en carburant, tandis que d’autres cherchent à compenser leurs émissions de carbone en finançant des projets de reforestation ou d’énergie renouvelable. Toutefois, ces initiatives sont coûteuses et ne résolvent pas entièrement le problème de la croissance continue du secteur aérien dans un monde de plus en plus sensibilisé aux enjeux
Une cohabitation entre économie et politique
En fin de compte, il apparaît que le transport aérien n’est ni entièrement dirigé par l’économie ni complètement contrôlé par la politique. Il s’agit d’un secteur où ces deux forces interagissent constamment, parfois en synergie, parfois en conflit. L’économie pousse à la croissance, à la compétitivité et à l’innovation, tandis que la politique intervient pour réguler, protéger et orienter le développement de l’industrie en fonction d’objectifs nationaux ou internationaux. Cette interdépendance entre économie et politique est particulièrement visible en période de crise, comme cela a été le cas lors de la pandémie de Covid-19 ou dans le cadre des efforts pour réduire l’impact environnemental de l’aviation.Dans les années à venir, le transport aérien devra relever des défis de plus en plus complexes, qui nécessiteront une collaboration accrue entre les acteurs économiques et politiques. La durabilité, l’équité et la sécurité seront au cœur des décisions à prendre, et il sera essentiel de trouver un équilibre entre les impératifs économiques et les objectifs politiques pour garantir la pérennité de cette industrie essentielle au fonctionnement du monde moderne.
Carte de visite du World Connect by APG
Le World Connect by APG est un événement annuel majeur dans le secteur de l’aviation, réunissant des dirigeants de compagnies aériennes, des experts de l’industrie, ainsi que des représentants de divers organismes et acteurs du transport aérien.
Organisé par APG (Air Promotion Group), cet événement offre une plateforme de réflexion et de dialogue sur les enjeux actuels et futurs du secteur. Le World Connect se distingue par ses conférences thématiques et ses débats animés par des intervenants de renom. Chaque édition aborde des sujets variés tels que l’innovation technologique, la durabilité, ou encore les défis économiques et politiques du transport aérien.
En parallèle, il offre des opportunités de networking pour les participants issus du monde entier. Cette rencontre, devenue incontournable dans l’industrie aéronautique, se tient dans des lieux prestigieux et vise à favoriser les échanges et collaborations entre professionnels du secteur.