Nous en parlons depuis plus de vingt ans, tant sur les questions de développement que de financement. Qu’ils s’agissent de transports terrestres et ferroviaires, portuaires et aéroportuaires, de transports de fret et de passagers, de services essentiels à la vie et au développement des communautés, d’énergie, d’eau, de déchets, de soins, d’éducation, de formation…
Depuis peu, de l’apport de la Zlecaf à leur développement, de leur contribution au développement des chaines de valeurs, des responsabilités de chacun dans leur déploiement, entre les Etats, les bailleurs, les investisseurs, les opérateurs…

Mais avec quel objectif final ? A quoi servent in fine ces infrastructures ? Au développement humain ! Au développement économique et social des pays et des populations, pour notamment lutter contre la pauvreté, développer le travail décent ou encore réduire les inégalités ! Aux déplacements urbains des populations allant travailler à l’autre bout de la ville. Aux déplacements des matières premières et produits transformés devant permettre à certains de toucher un salaire décent, aux autres d’accéder à une alimentation de qualité, ou à des produits essentiels accessibles sur le plan économique. On ne rappelle jamais assez l’utilité sociétale de ces investissements et de ces infrastructures, au développement durable.
Gardons toujours cet objectif en tête à chaque fois que discutons de cette question entre experts, décideurs publics et opérateurs économiques. Et conservons à l’esprit la nécessaire prise en compte des impacts négatifs, les incidences pour les populations et l’environnement ainsi que les opportunités d’optimisation des impacts positifs à l’intention de ces mêmes parties prenantes !
Exigence et Impact au cœur de l’utilité sociétale des infrastructures
Parce que l’Exigence & l’Impact sont des facteurs de différenciation qui doivent devenir des facteurs de préférence. C’est notamment la raison d’être des investisseurs à impacts et des entreprises engagées en matière de responsabilité sociétale.
La prise en compte des impacts négatifs, c’est un pré-requis pour les investisseurs depuis les principes ESG de la Banque Mondiale. Les exigences des bailleurs de fond en la matière sont croissantes. Les cahiers des charges ESG d’ailleurs se densifient. Mais c’est également un formidable levier de mobilisation de fonds : les greens bond du Bénin ont été sursouscrits trois fois parce qu’adossés aux ODDs.
C’est progressivement une obligation réglementaire. La fiscalité carbone se met en place, l’Europe s’engage dans la lutte contre la déforestation et le travail forcé. Et au-delà de la CSRD, la Directive Devoir de Vigilance nous astreints sur le continent africain comme en Asie à appréhender et gérer les risques dans les chaines de valeur.
Et c’est une nécessité d’en tenir compte car, après la juridification de la RSE, vient le temps de sa judiciarisation : les contentieux climatiques explosent, on dénombre plus de 30 mises en demeure au titre de la loi française sur le devoir de vigilance, et en Afrique de l’Ouest les acteurs se forment au recours juridique.
Enfin, c’est une exigence sociétale de limiter les démarches prédatrices de ressources. Six des neuf limites planétaires sont aujourd’hui dépassées. Aujourd’hui, on parle d’économie régénérative parce qu’il s’agit de rendre à la planète plus que ce qu’on ne prend.
L’Europe et l’OHADA au cœur des démarches de RSE en Afrique
C’est une spécificité notamment européenne, l’Europe ayant la capacité à normer éthiquement ce qu’elle souhaite consommer, mais pas seulement puisque l’Ohada travaille à l’intégration de la RSE dans son cadre d’harmonisation, certains pays comme le Gabon développent des stratégies nationales de RSE, et le Président de l’Union africaine a récemment annoncé à la tribune de l’ONU la création d’un label «Positive Africa» qui reconnaitrait les acteurs africains et internationaux aux impacts positifs pour le continent africain.
Personne ne doit manquer cette étape, ni celle de la recherche d’impacts positifs supplémentaires, au travers notamment les People First PPP – dont le principe est de mettre les personnes en haut de la pyramide des priorités des projets -, la philanthropie, la RSE, le mécénat, les initiatives citoyennes, l’engagement sociétal dans la dynamique de la finance à impact, qui va rechercher l’intentionnalité et l’additionnalité dans l’impact, au-delà des impacts intrinsèques des projets…
Pour un développement responsables des PMEs africaines
Et plus spécifiquement avec les partenaires locaux et les PMEs des territoires africains, qui ont un potentiel essentiel de création d’emplois, en développant avec eux des contrats durables, une plus grande prise en compte des enjeux ESG, le développement de leur propre RSE et dans le renforcement de leurs capacités pour plus de durabilité.
In fine, l’un des enjeux majeurs pour l’Afrique, si ce n’est le plus crucial, sera d’être en mesure, d’ici 2050, de nourrir donc de créer de l’emploi pour 2,5 milliards de personnes. Dans les infrastructures, c’est souvent l’intelligence collective avec les différentes parties prenantes et l’innovation sociétale qui permet de coconstruire ces impacts positifs.