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- Jean-Pierre Elong Mbassi – Secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique
Le rôle des villes intermédiaires en Afrique sera au cœur des débats lors de la rencontre des Africites -9 à Kisumu au Kenya.
Cette approche différenciée du rôle des villes moyennes : entre structuration territoriale et spécificités socio-économiques est analysée par le Secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique). Entretien.
“Les villes intermédiaires sont en prise directe avec l’économie réelle des pays africains”
AFRIMAG : En 9e édition, c’est la première fois que le Sommet Africités se tient dans une ville intermédiaire, notamment à Kisumu au Kenya. Pourquoi ce choix ?
Jean-Pierre Elong Mbassi : Il est important de situer cette question dans la perspective de la transformation structurelle du continent. L’urbanisation est ce qui manifeste le plus objectivement cette transformation structurelle. Le changement du peuplement est la conséquence de la division du travail entre population vivant en zone rurale et populations vivant en zone urbaine. Il est le signe de l’évolution des processus de production, de consommation et d’échanges. Cette évolution est à la source de l’émergence d’une économie locale articulant l’hinterland rural au centre urbain qui est la place de marché et le pôle de services des zones rurales qu’il dessert. C’est ainsi que s’est constituée l’armature des établissements humains de tous les pays du monde. On retrouve partout, y compris en Afrique, ce continuum qui part du village à la région métropolitaine, en passant par le centre rural, la petite ville, la ville intermédiaire, la grande ville.
Les villes intermédiaires sont un maillon essentiel dans l’armature des établissements humains en Afrique parce qu’elles jouent un rôle critique dans la formation, la structuration et l’animation des marchés locaux et nationaux, autant que possible à l’abri de l’impact des flux de l’économie mondialisée. Dans ce sens elles sont un jalon important dans l’organisation des économies nationales, et le premier maillon dans le processus de transformation et d’industrialisation des productions locales.
AFRIMAG : Comment expliquez-vous cette focalisation du Sommet Africités sur les villes intermédiaires africaines ?
Jean-Pierre Elong Mbassi : Il faut aussi savoir que les villes intermédiaires représentent 30% de la population et 40% du PIB du continent africain. Elles sont la strate de l’armature urbaine du continent dont la croissance démographique est la plus rapide. En d’autres termes l’état des villes intermédiaires renseigne sur l’état du développement économique, social et culturel de chaque pays et de l’Afrique dans son ensemble.
Le choix porté sur les villes intermédiaires pour cette 9eme édition du Sommet Africités souligne la préoccupation qu’a eue le comité politique d’Africites de prolonger la réflexion commencée à Dakar en décembre 2012, lors de la 6eme édition du Sommet Africites, qui invitait à construire le développement et l’intégration de l’Afrique à partir de ses territoires. Le Sommet de Kisumu propose de s’appuyer avant tout sur les villes intermédiaires pour concrétiser cette ambition, mais aussi lui donner une dimension très factuelle, dans la mesure où il s’agit d’explorer comment les villes intermédiaires d’Afrique doivent contribuer à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et 2063 de l’Union Africaine.
AFRIMAG : Selon vous, quel rôle les villes intermédiaires d’Afrique pourraient-elles jouer dans le développement et la transformation structurelle de l’Afrique ?
Jean-Pierre Elong Mbassi : Les villes intermédiaires sont celles qui sont en prise directe avec l’économie réelle des pays africains, au contraire des grandes villes et des régions métropolitaines qui connectent ces pays à la mondialisation et dont le devenir est en grande partie influencé par leur insertion dans la production des chaînes de valeur de l’économie mondialisée. En réalité les villes intermédiaires sont celles qui animent les économies nationales et le développement du marché intérieur, alors que les grandes villes et les régions métropolitaines sont plus ouvertes aux influences des marchés extérieurs et sont donc fortement dépendantes des fluctuations de ces marchés pour leur développement. Les villes intermédiaires sont en conséquence des places stratégiques pour tout développement autonome et durable du continent. Si l’on est sérieux avec la transformation structurelle de l’Afrique telle que voulue par l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, et si l’on tire comme on le devrait, toutes les leçons de la crise sanitaire, de la crise géopolitique et de la crise climatique qui s’annoncent, alors toute réflexion sur la recherche d’une voie d’un développement authentiquement durable et résilient pour l’Afrique devrait partir des villes intermédiaires. Ces villes sont les plus en prise avec la réalité profonde de l’Afrique, et les moins enchâssées dans l’économie mondialisée hautement dépendante des énergies fossiles. Elles subissent moins directement les contraintes de l’économie mondialisée que les grandes villes. C’est dans les villes intermédiaires qu’on a de meilleures chances de réussir la bifurcation vers un modèle de développement bas carbone, moins dépendant du marché mondial, et plus soucieux de l’autosuffisance des territoires au plan de la sécurité alimentaire ou sanitaire, pour ne citer que cela. Elles sont les points d’appui indispensables pour la réalisation des promesses de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECA), car de leur attractivité va dépendre de l’implantation des activités économiques et industrielles sans lesquels les échanges commerciaux inter-africains ne pourront pas décoller. Parce que les villes intermédiaires sont en connexion étroite avec l’hinterland rural, elles devraient favoriser la possibilité de relations plus harmonieuses entre les activités et établissements humains et l’environnement naturel. Elles sont aussi les mieux placées pour réussir l’hybridation entre les deux sources de légitimité auxquelles s’affilient les populations africaines au sein des territoires en Afrique, à savoir, les références découlant des coutumes et valeurs traditionnelles et les références découlant des normes et valeurs de l’Etat moderne. A travers cette hybridation il est possible d’installer un climat apaisé entre les autorités traditionnelles et les autorités publiques territoriales, et de contribuer de la sorte à reconstruire la confiance entre les populations et les dirigeants dans leur pratique de la gouvernance des territoires. On voit donc combien la transformation structurelle et le devenir de l’Afrique dont étroitement liés à la mesure de la contribution des villes intermédiaires à cette dynamique.
AFRIMAG : Quelles sont vos attentes pour ce grand rendez-vous de Kisumu qui regroupe les collectivités territoriales ainsi que les institutions financières, les organisations de la société civile et les partenaires au développement à l’échelle continentale et internationale ?
Jean-Pierre Elong Mbassi : Les Sommets Africités sont un moment de réflexion stratégique auquel les leaders et élus des collectivités territoriales d’Afrique voudraient associer les autres acteurs parties prenantes. Les élus des collectivités territoriales d’Afrique partagent la conviction que tout développement est local ou n’est pas. En d’autres termes c’est à partir du niveau local, en prise directe avec la vie et les besoins des populations locales, que doivent être conçues et mises en œuvre les politiques et stratégies de développement. À partir, et non pas exclusivement. Car les élus et leaders des collectivités territoriales d’Afrique sont aussi attachés au principe de subsidiarité selon lequel tout problème doit être résolu au plus près du lieu de vie des populations concernées s’il peut être résolu efficacement à ce niveau; sinon il faut le traiter au niveau de gouvernance approprié avec la participation effective des populations concernées afin d’y
apporter la solution souhaitée. Les élus et leaders des territoires africains sont en conséquence en faveur d’une gouvernance participative, collaborative et coopérative associant tous les acteurs, gouvernements nationaux, société civile, milieu académique, entreprises publiques et privées, partenaires au développement. Tous ensemble, nous devons rechercher à Kisumu, à mieux comprendre les défis auxquels l’Afrique doit faire face en cette période de crise sanitaire, de crise géopolitique et de crise climatique. Il s’agit de contribuer à un véritable renouvellement de la pensée et des stratégies de développement en s’appuyant sur la réalité des villes intermédiaires qui sont le reflet de la situation du développement du continent. Au cours des trois premiers jours du Sommet seront organisés un ensemble de débats devant déboucher sur des proposions d’actions et de recommandations adressées aux gouvernements nationaux, aux gouvernements locaux et régionaux, et aux partenaires au développement. Certains de ces débats se tiendront dans la cadre de journées spéciales d’une grande portée pour le développement et le devenir des villes intermédiaires et de l’Afrique dans son ensemble. Il s’agit de: Journée Climat et Journée Diaspora (le 17 mai 2022); Journée Digital; Journée Culture et Forum Africités du Commerce et de l’Investissement (le 18 mai 2022); Journée Femmes; Journée Jeunes; Journée Planification
Urbaine (le 19 mai 2022). L’ensemble des recommandations produites au cours des trois premiers jours seront examinées lors du segment politique du Sommet qui se tient les deux derniers jours (20 et 21 mai). Le segment politique du Sommet inclut : la rencontre des ministres; la rencontre des maires et leaders des collectivités territoriales; la rencontre des communautés économiques régionales; la rencontre des partenaires au développement. Cerise sur le gâteau, le 20 mai est également organisée pour la première fois dans le cadre des Sommets Africités, une conversation entre les jeunes a collectivités territoriales d’Afrique avec les anciens chefs d’Etat des pays africains inscrits au tableau de membres d’honneur de CGLU Afrique. Cette conversation portera sur les voies d’un futur pour l’Afrique dans un monde en pleine tourmente
(le 20 mai); ainsi que la table-ronde de dialogue tripartite entre les ministres, les Maires, et les partenaires au développement (le 21 mai).
Le segment politique doit en principe déboucher sur l’adoption d’une feuille de route définissant les actions à entreprendre au cours des prochaines années et spécifiquement au cours des trois années qui suivent la tenue du Sommet de Kisumu, dans l’objectif d’améliorer de façon significative les capacités des villes intermédiaires d’Afrique à contribuer à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.